jeudi 20 décembre 2007

Un dernier avant le départ (adieux provisoires)

Puisqu'il n'est pas garanti que ce blog sera très alimenté pendant les semaines à venir (à quoi bon écrire dans un blog sur Glasgow quand on n'est pas à Glasgow), et que le dernier message commence à y dater un peu, limitons les dégâts... Un ptit post avant le départ, donc.

Les dix derniers jours à Glasgow se sont écoulés calmement, mais à un rythme plus soutenu qu'ils n'en avaient l'air... Derniers essays à rendre, derniers cours (où l'ontrécupère les questions de l'exam, merveilleux système éducatif écossais!), dernières balades dans la ville, qui, du coup, retrouve beaucoup de son charme qui s'était (un tout petit peu) fânés, premiers départs aussi, célébré par un "international dinner" mémorable...
L'appartement s'est doucement vidé, l'emploi du temps aussi. Beaucoup de temps passé avec les scubiens écossais, du coup : deux jours avec la Pom, un jour avec le Tom, il faut bien se préparer aux retrouvailles. Et puis les adieux à la Pom (pas pour longtemps, je ne m'envole qu'avec quatre jours de retard), et me faire à l'idée que dans une semaine - deux jours - un jour - douze heures - je serai en France, pour la première fois depuis quasiment trois mois.
Plus de sandwiches cheddar-concombre en guise de repas, plus de porridge au petit déjeuner, plus d'innombrable tasses de thé dans une tasse estampillé "café", plus de Tesco, Sainsbury's, Aldi, plus de collines à gravir et d'escaliers à grimper, plus d'accent écossais, plus de River Clyde ni de Buchanan Street, plus de carrefours qu'on peut traverser en diagonale, plus de cornemuses, trompettes et guitares dans les rues... Au revoir les statues de Donald Dewar (Scotland's first ever First Minister), Dr. Livingston, John Knox, Robert Burns, James Watt, au revoir les ridicule cloches lumineuses de George Square et le distributeur Barclay'sà côté de Central Station...

Dernier jour, j'en profite pour aller faire mes adieu à West End et Byres Road (Bingley-Bingleydesh), et quelques courses au passage. Il fait beau, le ciel est d'une clarté extrêmement pâle, et une fine brume s'étire dans le froid. Sitôt passée Charing Cross et arrivée du côté "Ouest", le silence règne dans les rues bordées de pavillons victoriens de pierre pâles, contrastant fortement avec le bourdonnement incessant du centre. Je croise un écureuil sur un porche, m'arrête, il s'arrête, le regarde, il me regarde. Il réfléchit au meilleur point de vue pour observer l'étrange créature qui lui fait face, se décide à escalader la balustrade, s'avance prudemment, s'arrête, essouflé ou pris de vertige, repars, s'approche, tend un regard curieux qui lui est rendu de mon côté. Et puis, d'un coup, la même réaction des deux côtés : "mais, qu'est-ce que cette créature me veut? ne va-t-elle pas me sauter dessus, me griffer, m'étouffer?". Brusques retraits simultanés. L'écureuil redescend sur le porche, je reprend ma route vers Kelvingrove Park...

Après Kelvingrove Park, Byres Road, puis Great Western Road, puis retour sur Sauchiehall Street, les bras se chargeant un peu plus de cadeaux qui vont aller alourdir la valises, et le brouillard s'épaississant de plus en plus. A sept heures, le sol est tout givré et on ne voit pas à 10 mètres ; la nuit sera froide.

samedi 8 décembre 2007

Etat des lieux.

Dans l'ensemble, mon appart' est plutôt calme - ce qui n'est pas une mauvaise chose, quoique, les overdoses de calms, c'est parfois très dur (trop de calme tue le calme, comme dirait l'Autre, non pas cet autre-ci, un autre). N'empêche que des fois, ben, il s'y passe des trucs étranges. Forcément, les excès de calme, ça provoque l'ennui, et l'ennui, des fois, incite pour s'en dépêtrer à faire des choses étranges - ou en tout cas, des choses qu'on ne ferait pas en temps normal. Par exemple, envoyer valser un énorme ballon à travers les couloir. Sortir à deux de chez soi sans raison et revenir avec un pot de Dairy Ice Cream et un autre de Strawberry Sauce. Aller acheter deux boîtes de cuisses de poulet et s'amuser à les désosser (non, je n'ai pas fait ça. Puisan, ma coloc malaysienne, par contre...). Modifier l'agencement de sa chambre à la recherche de la combinaison donnant l'illusion d'espace la plus convaincante. Réflechir à la possibilité ou à l'impossibilité d'escalader la façade du bloc en rappel (non, je n'ai pas fait ça. Barbara, ma coloc canadienne, par contre...). Une émulation pâtissière entre colocs frôlant l'insensé, et aussi l'indigestion, une fois que la table couverte de gâteau a été nettoyée en moins de 24h. Entre autres.

Parfois même, les aléas de la recherche frénétique d'un truc à faire pour s'occuper donnent des résultats frisant le spectaculaire.

• Exemple n° 1 : Vendredi 2 décembre, fin d'après midi, couloir de l'appartement 4D, Birkbeck Court, entre les chambres 4 et 5.
Certes, cette image manque de clarté. Clarifions donc. Ce sont bien des ciseaux, ce sont bien des confettis, ce sont bien des magazines émiettés (Tesco Magazine et Evade Scotland, pour ne rien vous cacher), ce sont bien des flocons de neiges en papiers pas vraiment blancs comme neige qui s'entassent dans l'embrasure de la porte. Parce que c'est ça qu'on fait, quand on s'ennuie, qu'on n'aime pas ses murs bleus, qu'on veut décorer son salon, qu'on a une amie canadienne chez qui les "paper snowflakes" sont de rigueur à l'approche de Noël, et qu'on se sent l'âme à une rechute en enfance. Affalées sur le sol entre les deux murs du couloir, parce que c'est lus drôle, avec la musique qui nous parvient depuis l'intérieur d'une chambre. En plus cela fut une occasion rêvée de sortir Henry Hoover, notre souriant aspirateur, de son placard pour que lui aussi puisse s'occuper un peu.
Résultat, vous en pensez ce que vous voulez, mais moi je dis que c'est mieux que tout bleu:




• Exemple n°2 : Samedi 8 décembre 2007, cuisine de l'appartement 4D, Birkbeck Court. Vers 18h, ça commence à s'activer. Vers 20h, tous les plans de travail de la cuisine sont accaparé par des piles de pâtes à ravioli et des montagnes de farces. Ma Malaisienne et deux de ses amis sont en pleine préparation du repas-du-samedi-soir, qui s'annonce copieux, aujourd'hui. Les heures passent, les Malaisiens s'entassent (oui, la cuisine est petite, à plus de quatre dedans on est entassé...), et les piles de nourriture ne semblent guère diminuer. Malheureusement (ou heureusement), le temps que j'ai enfin l'idée de prendre mon appareil photo pour immortaliser l'événement, c'était déjà presque tout cuisiné. Et c'était très beau. Et c'était d'ailleurs aussi très bon (oui, en tant que reporter de l'extrême j'ai été invitée à goûter un peu à tout, ah les avantages de la cartes de presse, surtout quand on l'a pas). (Ils avaient même préparé une tortilla espagnole revisitée)




vendredi 7 décembre 2007

Ceci est une tombe...

Nécropole de Glasgow, sous un soleil timide et déclinant, à l'orée de l'hiver...

Zoom :


Eviter les cimétières au crépuscule... La nuit, n'en parlons pas.

Pourtant, on peut y croiser la dernière rose de l'année, qui tremblote dans le vent glacial et ne paie pas de mine, dans sa solitude désolée.


jeudi 6 décembre 2007

Au feu!

L'Ecosse hiberne (ce blog aussi, d'ailleurs, soit dit en passant). Ce n'est pourtant même pas encore l'hiver. Mais, me direz-vous, que faire d'autre qu'hiberner, quand le soleil se lêve péniblement à 8h30, pour repartir sous sa couette à 15h45, en passant les quelques heures où il est éveillé à se traînasser sous un épais duvet de nuages?... Eh bien, pas grand chose en effet, vous répondrai-je. Le temps n'est plus trop aux excursions ou aux randonnées, puisque le temps d'arriver quelque part, il fait déjà tout noir, et on ne voit plus rien.
Donc, ne parlons pas de l'Ecosse. Parlons plutôt des réjouissances de la vie "on-campus" et de la non-douilleterie des nid fournis par l'Université pour que ses étudiants puissent hiberner eux aussi, de ces espèces de blocs en fait pas trop moches où sont entassées des chambres de 10m2, des cuisines, des salles de bain, et des murs bleus, bleus, bleus...... Pas le summum du confort, mais on comprend vite que le souci principal des concepteur, ce n'est pas le confort, mais la sécurité. Et encore, pas n'importe quelle sécurité. Leur névrose, c'est le feu.
Héritage de l'incendie de Londres de 1625? Craintes dues à la manie des feux d'artifices des écossais? Sombres soupçons de pyromanie portés sur le fantôme de Napoléon?
Autant de questions toujours sans réponse (encore une énigme, tiens!).

Ce qui est sûr, la sécurité incendie est ultra blindée. Après un petit film à l'arrivée, expliquant qu'il ne fallait pas cuisiner en état d'ébriété (...) et qu'il ne fallait surtout pas empêcher les portes coupe-feu de se fermer, en particulier celle de la cuisine (la notre étant bien sûr à peu près constamment maintenue ouverte à grand renfort de tabourets, boîtes de conserves et parfois du canapé), certains malchanceux on pu découvrir à leur frais qu'il coûtait plus cher, les jours d'inspections, d'avoir couvert un détecteur de fumée d'un sac plastique que d'avoir perforé sa poubelle. Parce que le détecteur de fumée, c'est un personnage centrale de la vie des campus britanniques. Il y en a.... euh... un par chambre, un par couloir, un par cage d'escalier, plus un détecteur de chaleur dans chaque cuisine... ce qui fait donc.... euh.... beaucoup sur l'ensemble du campus. Et si un jour passe sans qu'un ne déclenche une alarme, c'est soit que tout le monde est en vacance, soit que quelque chose de terriblement grave (e.g. cyclone, tremblement de terre, raz de marée, explosion d'un des réacteurs nucléaires de la brasserie Tennents) empêche le système de fonctionner.

Pourtant il n'y a jamais le feu. Des fois la soupe crame dans sa casserole à minuit, des fois quelqu'un a pulvériser un aérosol à 3h du matin, des fois de la fumée est allée titiller le détecteur de fumée du couloir à 1 de l'après-midi; des fois c'est simplement un test routinier pour vérifier si tout va bien. A chaque fois, même rengaine. Tududu strident sciant les oreilles et malmenant les coeurs sensibles. Sursaut initial, brusque reprise de conscience. Ah, oui, alarme incendie. Attraper un pull, une veste, des chaussures. Ne pas oublier sa clé, ce serait bête. Et fuir, fuir le plus vite possible cet assaut de décibels même pas harmonisés.
On se retrouve donc dehors, devant le bloc, avec les voisins des autres étage, dans un rassemblement plus ou moins pittoresque (des dormeurs recouverts de leur couette, des doucheurs à moitié rhabillés, des assortiment d'yeux mi-clos et de baillements déchirants, des concerts de dents qui claquent). Puis on attend, sagement, que les pompiers soient allés vérifier que rien n'allait mal.

Ah! Pompier sur un campus! quel métier périlleux et excitant! que de risques et de dangers à affronter! Tout l'attirail sorti pour uniquement monter trois volées de marches et jeter un oeil dans quatre appartements vide... plusieurs fois par jour.... des fois par nuit... Et encore parvenir, pourtant, à à garder son calme et son sourire en expliquant pour la énième fois que les portes des cuisines, il faut les fermer, s'il vous plaît, elles sont pas coupe-feu pour rien, vous savez. Oui oui, on sait. D'ailleurs c'est pour ça qu'on va les rouvrir en rentrant.

Fin du Tududu intenable, fermeture de la parenthèse, tout le monde remonte dans son nid bleu, et reprend ses activités où il les avait arrêtées.

mardi 27 novembre 2007

Edimbourgbis

Glasgow, c'est bien. Edimbourg, c'est pas mieux. Mais c'est bien aussi. Bon et y a la tombe d'Adam Smith à Edimbourg. Et même sa maison. Et le Parlement Ecossais! Et Tom, pour couronner le tout. En plus c'est pas loin, même si le train prend son temps. Et puis faut avouer que Glasgôôw devenait un peu bizarre ces derniers temps : au lieu de se contenter de bêtes décorations de Noël, comme tout le monde, les Weegies ont été pris la semaine dernière d'une frénésie électrique, ce qui fait qu'entre vendredi et dimanche, dès que la nuit tombait (c'est-à-dire à partir du milieu de l'après-midi, car d'après le site de la météo, coucher de soleil: 3:57 PM), il y avait des trucs lumineux bizarres un peu partout, du genre des annonces de la mairie qui reconverti les terrains vaugues en jardins médiévaux et s'en vante, ou encore des ampules géantes pendouillant depuis des grues ("oh! a huge lightbulb!", pouvait-on entendre dans la rue).

Donc Glasgôôw c'est bien, mais des fois, il faut faire un break. Dimanche, trahison suprême, je suis donc allée à Edimbourg, parce que je n'avais plus d'excuses, et ce même si "Edinbrhrugh is fucking resort" (dixit Neil McGarvey, professeur de Politics of Modern Scotland de son état, aussi célèbre pour les phrases "Thatcher was a man in drag" et "I'm not pregnant, I don't know a damn thing about maternity services"). Une telle expédition impose un débauchage de Pomme et de Tom, ce qui fut fait, oh merveille d'internet.

Par contre, nous n'eûmes (moi ze sais conjuguer au passé simple, nananère) point le temps de débaucher la limousine rose... Hélàs. Ce fut donc le train, pas tose du tout, avec quelques problèmes de synchronisation dus à:
  • la manie des bus stirlingiens à faire la grasse mat' le dimanche, comme le métro weegie quoi.
  • un téléphone portable bloqué
  • un oubli de consulter ses mails, compréhensible après un réveil autrement plus matinal que celui des bus stirlingiens
Fort heureusement, deux téléphones portables n'étaient pas bloqués et cela suffit à régler le problème. Grâce à eux, ce sera contrairement à ce qui était prévu le Tom que je retrouverai à la gare avant la Pomme. Un Tom qu'un vilain devoir de physique harcèle sans parvenir à l'empêcher de s'endormir dessus... Donc Tom a fuit la vilaine physique, et le voici à mes côtés en train de marcher à travers les froides rues d'Edinburgh (prononcez : É-di-n'-bhurrghugrtra, ou quelque chose d'approchant). Bon, depuis un peu plus d'un an que je les avait arpentées pour la dernière fois, ces rues, elles n'ont pas beaucoup changé, c'est pas très surprenant (surtout pour des rues d'Edimbourg, parce que d'abord, Edimbourg c'est rien qu'une ville musée toute figée, contrairement à sa soeur de l'ouest qui elle ne cesse de se réinventer, nananère, et non je n'ai pas été endoctrinée par le conseil municipal de Glasgow). Par contre la température a changé, la lumière aussi, et une fêtes forraine s'est plantée sous l'abominable monument à Walter Scott qui complexerait même le plus extrêmistes des neo-emo-goth écrivant dans sa cave des chansons sombres sur des hobbits au coeur brisé en y greffant de long solo épiques. Tom me fera d'ailleurs remarquer que la proximité des manèges et de l'horreur architecturale su-mentionnée (pas ravalée depuis des siècles pour ne rien arranger) est assez dissuasive... Il y a de quoi faire de la bouillie d'Edimbourgeois en bas-âge, là... hmm charmant charmant.

(pas bô, n'est-ce pas?)

Après une heure de marche le long de Cockburn Street, Royal Mile, et du marché de Noël allemand (oui, oui, je maintiens qu'il était allemand, Camille), retour à Waverley Station pour récupérer la Pomme, bien arrivée et immanquable dans son sweat-shirt Stirling University vert pomme (comme il se doit), son manteau prune et ses cheveux rouges. Retrouvailles émus, pour la première fois depuis loooooooooooooooooooooongtemps, nous nous retrouvons plus de deux scubiens réunis. *petite minute de silence, séquence émotions, je vous prix. ce fut beau*
On est scubien ou on l'est pas, mais quand on l'a été on le reste ; le premier sujet de conversation, comme il se doit, aura été la dernière journée de déprime (jamais bien vieille ahem) et la dernière nuit plus épuisante que reposante, même si nous convenons tous qu'en Ecosse, à la fac, ils foutent rien. Et les scubiens vont manger, parce qu'il est 13h30, quand même (mais pas au RU, parce qu'il y en a pas à Edimbourg). Repas marquant s'il en est, comme le prouve cet inventaire non exhaustif des points mémorables :
  • La découverte du nid du Tom, qui n'est pas bien différent du nid bactérien ou du nid pommien, sauf qu'ici c'est le vert pâle qui a été choisi pour recouvrir les murs
  • La découverte de l'existence d'écossais associaux (malgré la législation en vigueur pour lutter contre l'"anti-social behaviour"), dont le Tom ne connait même pas le prénom, et à peine le visage
  • Le rappel par Camille du fait que, paraît-il (c'est le docteur McNamara qui l'a dit dans Nip/Tuck - une dépèche en provenance d'Adèle vient de me faire savoir que ce n'était en fait pas le docteur McNamara qui l'avait dit, mais le docteur Troy. Mea culpa.), le jus d'ananas rend le sperme sucré, ce qui est un renseignement d'une utilité indéniable
  • La découverte du fait que les légumes congelés, ça se fait cuire directement dans la poêle, et pas en les faisant passer au micro-onde avant
  • La découverte des véritables origines de Tom, que je ne détaillerai pas plus que Camille dans son blog, de crainte de perturber les âmes sensibles, et aussi de m'embrouiller dans mes explications.
  • Les retrouvailles émues avec le Boursin (mais pas le vin, ni le vrai pain)
  • La preuve du fait qu'on peut être écolo et manger des raisins sans pépins.
Sur ces entrefaites, le trio scubien s'en va au musée, tombe né à né avec Dolly, qui tourne en rond dans sa cage en verre. Comme c'est un musée écossais, c'est le bazar et il y a de tout et de n'importe quoi (et pas uniquement un mouton cloné empaillé), mais le Tom n'a ni le temps ni l'envie de revisiter en entier un musée qu'il connaît par coeur, et nous emmène au dernier étage admirer la vue sur Ed' (faut s'arrêter là, c'est mieux en gardant juste la partie prononçable). Les cieux sont tout clairs et transparents, la lumière est froide sèche, et le panorama est beaucoup moins rouge et, il faut l'avouer, beaucoup plus élégant que celui qu'on a de la même hauteur à Glasgôôw. Y a même la mer au fond!


Ensuite, le Tom, qui prend son rôle de guide très au sérieux, nous oriente à travers le quartier de l'université (reconnaissable aux nombreuses plaques vertes... euh, non, bleue qui signalel'appartenance des bâtiments à l'institution), jusqu'au grand parc des Meadows, où nous ne trouvons rien de mieux à faire que de rencontrer une ancienne collègue de Sciences Po, en stage à Londres et en week end en Ecosse. Flash, retour chez Machtou en cours sur l'Union Européeenne, le vendredi à 20h, le débit du prof qui rend la prise de notes sportive, les plans en deux parties-deux sous-parties-avec des points de suspension dans les titres, la Commission, JLB, VGE, CEE, TCE!.... tout cela nous manque-t-il vraiment? (eh bé oui)

Retour au château, séance photo sur l'esplanade au crépuscule (cf. le blog de Camille pour les photos...), adieux à Tom que sa migraine attire incompréhensiblement vers son devoir de physique (et, hum, vers son lit aussi peut-être). Une crêpe au Nutella au prix prohibitif servie par un écossais francophone dans un marché de Noël allemand, une looooooongue discussion bactério-pommesque dans le froid de la nuit écossaise, un bagel dans la gare, poursuite de la looooooooongue discussion dans le froid un peu moins glacial de la gare : il y en a deux qui avaient besoin de réconfort avant de s'en retourner chacune dans ses 9m2 de chambre...

Vous constaterez (et excuserez je l'espère) l'absence flagrante de photo digne de ce nom, la faute à mes piles d'appareil photo qui ne marche pas, et à ma flemme légendaire de sortir l'appareil du cas et de m'arrêter le temps de cadrer et d'attendre que le petit oiseau soit sorti (ce qui prend d'autant plus longtemps qu'il fait frrroid dehors).

Nouvelle sans intérêt du jour : au bout de deux mois à écouter mes profs parler dans leur patois local, je pense désormais avec l'accent écossais en sortant de cours. Cette histoire va mal finir, je le sens.

jeudi 15 novembre 2007

Mystères écossais #1

Après près de deux mois en immersion sur le territoire écossais, si certaines étrangetés ont fini par révéler leur sens et leur logiques intrinsèques (le cas Irn Bru, les Pound Stores, l'heure de fermeture des magasins, qui s'explique dès que la nuit commence à enfler, ou encore les feux rouges et passages piétons, en fin de compte compréhensibles, par exemple), d'autres restent définitivement obscures et indéhiffrables. Petit inventaire (pas forcément exhaustif) des énigmes locales insolubles :


• Qui vole le chapeau de Wellington?
A Glasgow, il y a beaucoup de statues. Mais la plus connue, c'est certainement celle de Wellington. Wellington, c'était un général (écossais je suppose, quoique je suis pas allée vérifier) qui a dû se battre contre Napoléon et probablement gagner, ou un truc comme ça -pardonnez l'ostensible inexactitude historique, j'ai décidé de boycotter Wikipédia aujourd'hui, là comme ça tout d'un coup. Bref, tout ça n'est pas très important, parce que de toute façon, il est mort. Mais à Glasgow, comme je l'ai dit, on lui a fait une statue, avec une de son cheval en dessous, et on a mis les deux (Wellington et le cheval) sur un piédestal sur St Vincent Square, tout pile au milieu de Glasgow. Derrière, on a mis la Gallery of Modern Art. Et je ne sais pas si c'est lié, ou si c'est simplement que quelqu'un, observant qu'à Glasgow, les hivers sont froids (c'est pas très difficile), a décidé de prendre en charge la statue qui ne pouvait pas bouger et de lui offrir un chapeau pour lui tenir chaud aux oreilles, mais toujours est-il que Wellington est traditionnellement chapeauté. Il fallait faire avec les moyens du bord, on a donc fait avec un pylône, enfin un cône de circulation, enfin ce truc conique à rayures rouges et blanches qu'on trouve au bord de routes et qui en Français n'a pas vraiment de nom, parce que ça y en a tout plein partout en Ecosse. Du coup, ça fait plusieurs années que Wellington est connu pour son beau chapeau.
Sauf que, des fois, le chapeau disparaît. Parfois un jour, parfois des semaines. Parfois il réapparait sur la tête du cheval, ou sur celle d'une autre statue à l'autre bout de Glasgow, ou sous la forme d'une botte en carton... Qui s'amuse donc à escalader la statue pour lui ôter son chapeau? Sûrement pas quelqu'un qui chercherait un pylône, il y en a partout on l'a déjà dit. Sûrement pas quelqu'un qui chercherait un chapeau non plus, ça va de soi. Le vent alors? Un Edimbourgeois jaloux? Le fantôme de Napoléon???


• Qui fait chanter les oiseaux?
Dans le monde normal, les oiseaux chantent des fois, quands ils sont contents, ou qu'ils cherchent une âme soeur, ou je ne sais quoi. En général, les oiseaux ont une horloge biologique assez sophistiquée, qui fait que ces célébrations musicales de cultes volatiles se tiennent plutôt à l'aube, ou en courant de journée. Mais à Glasgow, que nenni! Les oiseaux sont probablement aussi ivres et déséquilibrés qu'un étudiant écossais de première année un samedi soir en fin de semestre, et leur horloge biologique a des petits problèmes de réglages, parce qu'ils sont capables de chanter à n'importe quelle heure. A n'importe quelle heure, mais de préférence en pleine nuit, c'est plus rigolo. pPs en pleine nuit à 18h, hein, en vraie pleine nuit, c'est-à-dire vers 23h, minuit, deux heures du matin... Du coup, on s'endort en ayant l'impression que le jour se lève, ce qui est passablement perturbant, quoiqu'on finit par s'y faire. Mais reste la question de ce qui pousse les oiseaux à chantonner gaiement à pareilles heures... Le vapeurs d'alcool et les relents de brasserie? Les résultats des matchs de foot? Les taquineries des Haggis en vadrouilles? Le fantôme de Napoléon???


• Qui peint les guitares en rose?
A Glasgow, il y a des marchands d'instruments de musique. Jusque là, rien de bien extraordinaire, surtout quand on prend en considération la quantité de musiciens que la ville abrite. Bien sûr ces marchands d'instruments de musiques vendent des guitares, et pas qu'un peu... des noires, des blanches, des brunes, des rousses, des basses, des électriques, des rouges, des douzes-cordes, des miniatures... et surtout, des roses. Car oui, la seule chose que vous pouvez être absolument sûrs de dénicher quel que soit le magasin d'instruments de musique où vous vous rendez, c'est une guitare rose... tout format, tout type, de la folk classique au ukulele. La seule explication plausible à ce phénomène pourrait être un amour immodéré du glaswegian pour le rose, observable aussi lorsque passe une limousine rose (celles-ci se sont d'ailleurs un peu raréfiées ces derniers temps). Mais le problème, c'est qu'à part les guitares et les limousines, il n'y a pas grand chose de rose bonbon dans le coin. D'où la question, qui s'amuse à peindre les guitares (et les limousines quand il en passe) en rose? M qui fait sa promo? Un flamand rose échappé du zoo? La panthère rose? Un fan de Pink Floyd? Le fantôme de Napoléon???


• Où ont disparu les livres de la bibliothèque?
L'université de Strathclyde, comme toute université qui se respecte, possède une bibliotèque, avec des centaines de mètres d'étagères croûlant sous le poids des livres, réparties sur six étages. Il y a des livres sur un peu tout, et tous sont directement accessibles... en théorie, du moins. Parce que dans les faits, ça marche beaucoup moins bien. Les choses ne sont pourtant pas tellement plus compliquées que dans n'importe quelle bibliothèque universitaire : le catalogue est informatisé et consultable via Internet ; on y entre la référence du livre qu'on cherche, et il nous indique le statut du livre (emprunté ou pas?) ainsi que la côte qui permet de le trouver dans le labyrinthe d'étagères. Muni(e) de cette précieuse suite de lettres et de chiffres, code indéchiffrable par qui n'est pas bibliothécaire, on peut ensuite s'aventurer dans les allées intimidantes de l'imposant bâtiment, en suivant les panneaux repères, jusqu'à arriver au point souhaité et indiqué par le code. Normalement, ces épreuves surmontées, on devrait être récompensé de sa tenacité par la présence de l'ouvrage tant convoité. Sauf que, pas forcément. Parce que les livres qui ne sont pas en prêts ne sont pas forcément sur les étagères, il faut vérifier - "check shelves", nous propose gentiment le site de la bibliothèque. Souvent, on vérifie et y a rien. Et on revient, et y a toujours rien. Et on rerevient, et y a toujours toujours rien... Alors, qui? comment? où? pourquoi? Un papivore compulsif? Des rats de bibliothèques boulimiques? Un serveur informatique taquin qui s'amuse à jouer des tours aux novices? Le fantôme de Napoléon, soucieux de gommer certaines références embarassantes???


• Qui dessine des silhouettes sur les trottoirs?
Dans les films et séries policières - je n'ai jamais vu de crime en vrai, moâ, ce sont donc mes seules références en la matière - après un meurtre, on retire le cadavre, parce que ça fait désordre et que quand ça commence à se putréfier, ça sent pô bon. Accessoirement, ça serait bêta que les policiers et le génial inspecteur Sherlock Poirot trébuchent sur un corps inanimé et se fassent mal en plein exercice de leurs fonctions. Mais comme il faut quand même garder une trace (souci d'exactitude scientifique, blablabla), on prend une craie blanche et on trace le contour du cadavre, histoire de se rappeler où il était et dans quelle position (ça peut toujours servir).
A Glasgow, il arrive de tomber nez à nez (ou plus exactement, pied à pied, voire pied à nez si on s'y prend bien) avec une de ces silhouettes de craie tracée sur un trottoir. J'ose espérer que ce ne sont pas des monuments en la mémoire d'assassinés notoires, parce que vu le nombre (relativement honorable sans être faramineux), ça serait inquiétant. Alors? Encore une fois, mystère... L'origine de l'appellation de Scotland Yard? La lubie d'un détective retraité et gâteux qui s'invente des scènes de crimes pour occuper ses après midi? Une oeuvre d'art conceptuel et décorative? Le fantôme de Napoléon qui dans un accès de mégalomanie s'amuse à imprimer sa silhouette fantômatique dans les rues???


• Qu'est-il arrivé à Virgin?
Glasgow était réputé pour posséder le plus grand Virgin Mégastore d'Europe, en haut de Buchanan Street, à deux pas de la statue de Donald Dewar ("Scotland's first First Minister ever"). Mais voilà, depuis quelques jours, il n'y a plus de Virgin à Glasgow. Les enseignes rouges et blanches des deux succursales locales ont été remplacées par des enseignes vertes et noires, le nom "Virgin" remplacé par un sybillin "zavvi.co.uk"... Je reconnais que ce mystère est plus facilement résoluble que les autres, mais mon boycott de Wikipédia décidé aujourd'hui pour aujourd'hui m'autorise à m'interroger : d'où vient cette atteinte à la suprématie virginesque? Un dépucelage de la marque? Une crise de folie de Richard Branson, qui aurait soudain décidé que Virgin, tout compte fait, c'était moche, comme nom? Un coup du fantôme de Napoléon, qui fait de ces caprices débiles, des fois...???



• Où est caché le studio de Kevin Ayers?
Dans un accès de vagabondage comme il m'en a pris souvent depuis que je suis arrivée en Ecosse, cherchant déséspérément un vague prétexte à une énième errance à travers les rues de Glasgow, et, plus encore qu'un prétexte, une direction à emprunter, je me suis rappelée les crédits du dernier album du Sieur Ayers : "Recorded at: Marlborough Farms, Brooklyn; Wavelab, Tucson AZ; Eastcote, London; Yip Jump, Glasgow." Ni une ni deux, googelisons "Yip Jump Glasgow" histoire d'avoir l'adresse, jetons un coup d'oeil à un plan de Glasgow, et voilà une destination de pélerinage absurde toute trouvée pour occuper son après midi! Une rapide (et efficace) investigation permet de localiser le studio Yip Jump au 222 West Regent Street, Glasgow (ça, on savait, merci), G2 4DQ, c'est-à-dire quelque part à l'ouest du centre, tout au bout d'une des grandes rues qui forment la trame du bizness-Glasgow, un quartier propret et huppé rempli de bâtisses victoriennes converties en cabinets d'avocats, en bureaux d'experts financier ou en studio de décorateurs branchés. Pas l'endroit le plus exaltant de la ville pour une randonnée pédestre, mais après tout, pourquoi pas. Je me suis donc hardiment dirigée à travers les collines vers la fin de West Regent Street, à la recherche du numéro 222. Bien sûr, au bout de West Regent Street, j'ai trouvé un Novotel, un hôtel Ibis, un grand bâtiment-à-bureaux, mais point de 222 et encore moins de studio Yip Jump d'où serait sorti, comme par magie, un Kevin Ayers.
Ce n'était pas vraiment surprenant, certes. N'empêche, le Kevin Ayers, il a bien dû l'enregistrer quelque part, son album, et les gens qui vont bosser leurs chansons chez Yip Jump, ils doivent bien y rentrer par quelque part, dans ce fichu studio! Mais par où? Comment fait-on pour pénétrer dans l'enceinte sacrée? Faut-il une invitation spéciale? Une clé de chambre du Novotel? Un numéro d'étage? Une autorisation de Daniel Johnston, qui tient à surveiller la fréquentation d'un studio qui emprunte son nom à un de ses disques? Une guitare rose? Un mot de passe gracieusement fourni par le fantôme de Napoléon???

Glasgow recèle donc plus que sa part de mystères... Gageons qu'il faudra du temps pour résoudre tout ça, si solution il y a, et que d'autres énigmes se feront un plaisir de venir se poser d'ici juin... Du boulot en perspective pour Sherlock Poirot, tout gâteux et retraité qu'il soit (ça n'aide pas faut dire).... Souhaitons lui bon courage, il en aura besoin, plutôt que de perdre son temps à encore se chamailler avec le fantôme de Napoléon (qui d'après mes sources s'est, assez incompréhensiblement, relocalisé à Glasgow, peut-être pour narguer les Anglais, à ceci près que les Anglais n'habitent pas à Glasgow du tout, à moins que ce ne soit pour faire des conneries en toute impunité, vu les compétences de la section écossaise de Scotland Yard, indignement représentée par le gâteux retraité Sher(ry)lock Poi(v)rot).

Remerciements :





lundi 12 novembre 2007

Brrr

Bon, voilà, ça y est. ça aura pris un peu plus de temps à Glasgow qu'ailleurs, à en juger par les blogs de mes co-expatriés, mais, alors que le printemps se lève en Australie ou en Argentine, à Glasgow, l'hiver se pointe, discrétement mais sûrement...
Jusqu'à il y a peu, c'était encore l'automne, un automne chatoyant, qui alterner cieux bleux électriques et gros nuages gris pleins de pluies derrières lesquels se faufilaient quelques rayons de soleils tout doux (et des fois un arc en ciel). Les arbres étaient tous roussisants, les fougères aussi, et on pouvait sortir sans avoir à réfléchir des heures à la quantité de pulls nécessaire pour ne pas trembloter sous sa veste. Et c'était très beau tout ça.

Maintenant, c'est encore beau, c'est encore un peu l'automne (on n'est qu'en novembre, après tout), mais... c'est plus tout à fait pareil... Les arbres sont encore un peu roux, parsemés de feuilles dorées voire quelque fois de quelques irréductibles tâches vertes résistant, a encore et toujours à l'envahisseur et le sol est encore largement tapissé des cadavres des feuilles moins résistantes à l'envahisseur, mais dans l'ensemble nos pauvres arbres si majestueux il y a un mois, ils commencent à être bien dégarnis et à trembloter dans le vent glacial. Parce que oui, il y a beaucoup de vent, qu'il fasse beau ou pas. Et quand il fait beau il fait toujours très beau (même si le bleu du ciel a pâli), mais ouhlala qu'est-ce qu'il fait froid. Ce n'est plus "quel pull je met?" qu'on se demande avant de sortir, c'est "combien de pulls je met?".

Et puis, outre la chute de température et la calvitie végétale, outre les décorations de Noël-pas-encore-allumées-mais-plus-pour-longtemps, outre les publicités/affiches/annonces festives qui rappellent que Noël, c'est dans un mois et demi, il y a aussi le Soleil qui a commencé son hibernation. 15h30, l'horizon rosit. 16h30, le ciel est bleu sombre. 17h00, il fait nuit, et pour autant que je sache, il pourrait être minuit qui ça changerait pas grand chose. Bref le noble astre s'économise et fonctionne au régime minimum, ce qui est bien, mais pas top, et surtout pertubre beaucoup les horloges internes qui sont habitués à se caler sur sa position dans le ciel, pas sur celle de Jupiter. L'avantage, c'est que ça dissuade de sortir dans le froid et d'attraper un gros rhube parce qu'on a pas emporter assez d'écharpes. L'inconvénient, c'est qu'on préférerai un grand salon pleins de coussins et de tapis qu'une pièces aux murs bleus pour se réchauffer avec un chocolat chaud. M'enfin... on fait avec les moyens su bord.

lundi 5 novembre 2007

Guy Fawkes Burns

Depuis environ une semaine, Glasgow crépite. Des bouquets d'étincelles fleurissent ça et là dans le ciel et égayent un peu la noirceur prématurée de la nuit (qui tombe toute encrée dès 17h30), tant et si bien qu'on finit par s'habituer aux cris des pétards qui s'enflamment et à ne plus trop y prêter attention (comme on s'est habitué au cris des flambeurs de pétards alcoolisés...). Mais ce soir, le ciel crépite en continue et les tâches dorées se disputent la vedette. Apothéose en feux d'artifices... Comme partout à travers le Royaume-Uni, comme tous les ans, j'imagine.



Le 5 novembre s'enflamme : c'est la nuit de Guy Fawkes, celle des feux de joies dans lesquels on jette des épouvantails à l'effigie d'un certain Mr. Fawkes... Pauvre Guy Fawkes, qui même en ayant atteint l'âge canonique de 537 ans, continue inlassablement à être porté au bûchet pour un attentat qu'il n'a pas eu le temps de commettre. En 1605, ce qui commence à dater, ce catholique anglais et une douzaine de ses comparses pyromanes rêvait de se débarrasser du roi James Ier et de toute la clique protestante qui siégeait au Parlement de Westminster. Aux grands maux les grands remèdes, ou comme l'a si bien dit notre protagoniste, une maladie dangereuse appelle un remède désespéré : c'est bien connu, le feu purifie et cautérise, il faut donc brûler les Chambres de Parlement. 36 tonneaux de poudres à canons dans les souterrains, et un Guy Fawkes devant les enflammer le 5 novembre... Sauf que, ç'eut été trop beau, la conspiration aura été découverte avant d'être mise en oeuvre, tout ça à cause d'une lettre (prétendument) écrite par un conspirateur pris de remords à l'idée que des innocents puissent être victime de l'attentat... et Guy Fawkes se retrouvera torturé dans une cellule avant que ses compagnons ne soient arrêtés, pour finir au bout d'une corde pendue à un gibet (évitant habilement l'écartelage en ayant la saine inspiration de se briser le cou à la première étape - c'était la séquence détails gores).

Bref, du coup, les Londoniens se sont épargné un beau feu d'artifice sur les rives de la Tamise. Il faut bien qu'ils se rattrapent... alors eux, et tout leurs concitoyens britanniques se rattrapent en effet chaque 5 novembre, depuis 401 ans, en allumant des feux sur la terre et dans le ciel. Bien sûr, il ne font pas les choses à moitié, car l'échec du "seul homme à avoir jamais pénétré les Chambres du parlements avec de bonnes intention" se doit d'être commémoré dans les formes. Et puis aussi parce que les feux d'artifices, c'est beau et c'est amusant, et parce qu'on ne va pas perdre une occasion de faire la fête, du bruit, et de la descente d'alcool.



Alors Glasgow (comme toutes les villes britanniques certainement) crépite à l'aube de novembre, jusqu'à l'apogée de la soirée du cinq, qui voit des glaswegians par milliers marcher en processions jusqu'aux pelouses de Glasgow Green, d'où est lancé le feu d'artifice officiel et ordonnée de la ville. Odeur de la pelouse piétinnée par la foule qui se mèle aux relents émanant des stands à snacks, musique de foire, lumières multicolores des attractions, tourbillons des manèges... C'est un terrain de fête comme un autre, mi-foire mi-festival, où des écrans géants diffusent les monologues de deux présentateurs chargés de combler les blancs en parlant de la candidatures de Glasgow pour accueillir les jeux du Commonwealth de 2014. Et à 19h30 précises (la nuit tombe tôt, pas besoin d'attendre plus longtemps pour lancer les fusées), le feu d'artifice, qui comme tout feu d'artifice, fuse, pêtarade, siffle, envoie des étincelles vives qui fondent en larmes d'or dégoulinantes sur le drap noir du ciel, et hypnotise le tapis humain soudainement retombé en enfance.


A 20h, la dernière fusée a rendu l'âme (quoiqu'il en reste encore un paquet de dissidentes qui vont silloner les cieux toute la nuit), la foule se meut d'un bloc vers la sortie du parc, et il rest ela nuit entière pour faire cramer des Guy Fawkes en carton-pâte ou allumer des feux de joie dans les appart' du campus (ce qui n'est pas très conseillé, la faute aux détecteurs de fumées, toujours aussi sensibles les saligauds). Ceci dit je n'ai pas vu de cramaison de Guy Fawkes, moi. Snif.

lundi 22 octobre 2007

Waltz #2 revisited


Ce post n'a rien à voir avoir avec Glasgow, sinon que la musique d'Elliott Smith va on ne peut mieux avec le ciel blafard des matins qui n'arrivent pas à se lever et avec la nostalgie diffuse d'un lundi d'octobre qui se passera sans rien dire comme des millions d'autres avant, des millions d'autres après. Et encore, rien de tout ça n'est spécifique à Glasgow. Si, de ma fenêtre on peut presque voir le sombre bâtiment de la Royal Infirmary, qui pourrait très bien se caser une place dans le décor de Pretty Mary K. et de son "found faith in the infirmary"... mais c'est déjà un peu plus capilotracté, là.


Quatre ans et un jour, comme le temps passe...

"I'm so glad that my memory's remote
'cause I'm doing just fine, hour to hour, note to note"

jeudi 18 octobre 2007

De la prolifération des Pound Stores à Glasgow


Glasgow, paraît-il, se vante d'une plus qu'honorable troisième place dans le classement des villes européennes possédant la plus grande surface marchande - après Londres et Paris. Quelques petites balades dans le centre de Glasgow suffise à faire abandonner toute tentative de remise en cause de cette affirmation au plus mauvaise langues anti-écossaises (et/ou anglaises) : des boutiques, il y en a, et pas qu'un peu. On compte pas moins de deux centre commerciaux aux tailles forçant le respect, le long de Buchanan Street, la principale artère commerçante de la ville : les Buchanan Galleries en haut, Sain Enoch en bas. Entre les deux, car consommateur pour consommateur, autant relier les boutiques concentrées à grand renforts de boutiques (légérement) diluées, on n'est pas dépourvu... Virgin, Topshop/Topman, All Saints, Borders, Diesel, Monsoon, Apple Store, Orange, Lush, Carphone Warehouse, glurps, je me noie sous les enseigne, les vitrines, les habits, les chaussures les livres, la musique que crache les hauts parleurs. De-ci de-là, un Snax in the City, Copuccino (ancienne loge de police convertie en loge de cafetière), Starbucks, ou un bête Fish & Chips se tiennent diposés à assouvir l'appétit des shoppeurs, affamés par ces allers-retour incessants de haut en bas de la collines ; aux heures de pointe (11h-16h), des cornemuses, des joueurs de djembé ou des guitaristes rythment allégrement le flot humain qui se déversent depuis ou dans les deux artères perpendiculaires à la Buchanan : Argyle Street en bas, Sauchiehall Street en haut. Tout droit venues de l'ouest, ces deux grandes rues imitent la Buchanant libérée des voitures et se convertissent en avenues piétonnes le temps de traverser le coeur commerçant de la ville, en profitant pour se parer de leurs plus beaux étals. Merveilles du développement en chaîne, c'est les mêmes au nord ouest et au sud est : Marks&Spencer, HMV, Virgin, Clinton's Cards, etc, etc.

Pas très exotique, tout ça, n'est-ce pas? Indéniablement, il y a de quoi chopper un sacré tournis entre ces grandes surfaces nettes et rangées aux prix généralement exorbitants - ou, en tout cas, chers. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on s'en lasse vite. Mais ce serait mésestimer Glasgow la bordélique que de réduire sa surface marchande à ces quelques multinationales bien ancrées, et ça risquerait même de la vexer, car tout ça n'est que la partie immergée de l'icebarg. Le morceau qu'on voit quand on reste dans les sentiers (... le terme "sentiers" n'étant autorisé que par la magnanimité de la licence poétique...) balisés et refuse de s'aventurer dans les coins moins lêchés. Il suffit de continuer le long d'Argyle Street pour se rendre compte que, soudainement, les choses ne sont plus pareilles. Les boutiques ne sont plus grandes, ni bien éclairées, ni bien rangées. Leurs noms ne sont plus ni pimpant ni familiers. Plus de Starbucks ou de Costa Café, à la place, des gargottes aussi discrètes que glauques. Le géant protecteur du coin, grand seigneur des bazars bon marché, s'appelle T. J. Hughes. Il vend de tout, pour rien. Autour, les Pound Stores pullulent - tout à un 1£, de la perceuse au litre d'Irn Bru en passant par le sèche-cheveux et la boîte de peinture.



La plus forte concentration en Pounds Stores de tout Glasgow se trouve sans doute sur ce tronçon de rue, mais ce n'est pas pour autant qu'ils sont tous ici : il y en a partout, dispérés dans tous les coins de la ville, parfois en grappe, parfois isolés. Et comme si ça ne suffisait pas, ce ne sont pas les seuls temples du Tout pour Rien - non, Glasgow fait mieux, ou pire, enfin, plus glaswegian en tout cas. Pour s'en rendre compte, le mieux est encore de continuer la descente vers l'est, de préférence un week-end... Au fond de l'immense parking derrière T.J. Hughes, il y une petite place qu'on imagine avoir été un ancien no-man's-land bordés d'entrepôts délabrés, qu'un jour une poignées d'écossais décalés auraient décidés de ressuscité. C'est King Courts, qui n'a de royal que le nom, une antre contre-culturelle où se côtoient quelques friperie, un marchand de guitares d'occasion, une boutique de posters, une autre de tee-shirt personnalisables, et, en bon gardien du temple, Mono, un restaurant végétalien-bar-disquaire résolument indie qui porte en guise de couronne une verrière et une tête de mouton.

Mais tout ça est encore bien sage... On peut encore continuer vers l'est, un pâté de maison derrière la rivière. Déjà, sur les trottoir ou dans les petites allées, on commence à voir des étals bordéliques où s'amassent de tout et de rien, des grand hangard proclamant être spécialisés dans le lino ou le papier peint, des enseignes colorées de "markets"... Et puis on finit par arrivé sur Gallowgate, une rue bariolée sortie de nulle par, bordés de magasins et de pubs d'un autre temps (mais, lequel?), et par une grande salle de concert ornées de néons étoilés. "Cycles Sales & Repairs", clame une enseigne à laquelles sont accrochés des vélos. Des Cut-prices, Pound stores & co. à profusion. On se rapproche du but... En face, sous une grande arche rouge accueillant les visiteurs aux "Barras", tout les week end, un des marché les plus bizarres des métropoles occidentale se déploie dans un fatras monstre sur quelques dizaines de métres carrés de rue goudronnées et de hangars peinturlurés. On entre, et, instantanément, on oublie où on est, quand, pourquoi, comment. Ca ressemble vaguement à une cité portuaire au début du siècle. A moins que ce ne soit à un souk, la grisaille et le froid en supplément, ou à une foire sans attraction ou alors simplement à un marché aux puces. Il y a des hangars, des stands, des étals, des barraques à crèpe et des roulottes à hot-dog, des gens qui s'apostrophent, partagent des cafés, achètes des fruits ou des gâteaux en contemplants les télévisions et les antiquités. Il y a des meubles, des pièces, des timbres, des théières hideuses, un pin's des Red Hot Chili Peppers qui traîne au milieu d'insignes de la "Life Saving Society", des banjos, des vieux vinyles, des DVD pirates, des casques, des plaques mortuaires, des fleurs, des fers à repasser, des posters, des miroirs déformants, des kilts, des guitares roses, des thrillers jaunis, des postes de radios, de l'encens et des champigons hallucinogènes. Des boîtes à outils. Des bibelots poussièreux. Des fripes en vrac. Des confiseries de toutes les couleurs. Des matelas. Des casseroles. Des rideaux. Enfin, vous devez avoir saisi l'idée, maintenant.


Forcément, après ça, Buchanan Street est à la fois très rassurante et très fade, pourtant elle n'est pas à plus de 20 minutes à pieds. Ca n'explique pas la prolifération des bazars et vide-greniers permanents (peut-être les greniers écossais sont-ils sans fonds?) à Glasgow, mais ça garantit que ni Marks, ni Spencer n'en viendront à bout avant très, très longtemps. Après tout, ça fait quelques siècles que Glasgow porte la casquette de ville marchande que chaque nouveau bateau dans le port enrichit un peu plus par-dessus celle de cité industrielle au développement foudroyant - ce qui implique l'abondance de choses à vendre, que tout les employés des magnat du commerces et de l'industries ne peuvent pas se permettre d'acheter au même prix que leurs patrons... Old habits die hard, or so it seems.



dimanche 7 octobre 2007

Irn Bru!


Je ne résisterai pas plus longtemps. Je ne peux décemment pas avoir passé deux semaines à Glasgow et ne pas encore avoir parlé d'une de ces bizarres idiosyncrasies qui font tout le charme de l'Ecosse (et des Ecossais). Non, non, pas le kilt. Le kilt, c'est une idiosyncrasie galvaudée (même si, j'en conviens, il en demeure quelques représentants authentiques, par exemple Geoffrey the Kiltmaker, domicilié sur Sauchiehall Street), comme beaucoup d'idiosyncrasies écossaises il est vrai. Non, je veux ici parler de ce genre de particularités qu'on ne remarque qu'en vivant dans le pays, et qui n'aideraient absolument pas l'office du tourisme de Glasgow à faire monter son chiffre d'affaire, parce que c'est ni spécialement sexy, ni spécialement remarquable.
Je vais donc dédier ce poste à... l'Irn Bru.

L'Irn Bru? Mékeskecékecetruklà? Ben, oui, je me doute bien que vous n'en avez aucune idée. Moi non plus, y a deux semaines, je n'en soupçonnais pas l'existence. Mais je m'en vais de ce pas vous expliquer tout ça, avec l'aide d'Almighty Wikipedia (qui a une page Irn Bru, oui oui, vous pouvez vérifier par vous-même que je ne me fous pas de votre gueule. Mais pas maintenant, sinon, ça sert à rien que j'écrive ce post, tsss).

La première chose à savoir, c'est que l'Irn Bru se boit. La deuxième chose à savoir, c'est que l'Irn Bru ressemble à tout ce que vous voulez, sauf à quelque chose qu'on a envie de boire. L'Irn Bru, c'est un liquide orange fluo avec des bulles, ça a le goût de sucre et de sirop pour la gorge, et c'est accessoirement le soft drink le plus vendu à Glasgow (qui est, au passage, le seul endroit au monde où ce titre n'est pas détenu par Coca-Cola), et les Glaswegians ont été très vexés quand le premier MacDo local a oublié de l'inclure à sa carte. Pourquoi? Euuuh... peut-être tout simplement parce que ça a été inventé à Glasgow (et, me direz-vous, il n'y avait qu'un Ecossais pour avoir une idée pareille, et vous n'avez peut-être pas tort).

L'Irn Bru est née en 1910, grâce à/à cause de M. Robert Barr et AG Barr & Co, qui sur le coup la baptise Iron Brew, nom appétissant s'il en est. Malheureusement cette charmante dénomination devra être modifiée 36 ans plus tard, à cause d'une stupide régulation imposant aux marques d'être "littéralement vraies", ou en d'autres termes de ne pas induire en erreur quant au contenu du produit qu'elles désignent. Or, dans l'Iron Brew, il y avait bien du fer, mais de "brew" il n'était point question, car ce n'était pas une bière, et ce n'était pas brassé. Alors, que fait-on chez AG Barr? Eh bien, on ne touche pas à la prononciation - trop dangereux pour une marque établie, on change l'orthographe...

De la composition du breuvage, on ne sait guère plus que de celle de Coca-Cola. Elle n'est connu que de deux personne chez Barr Soft Drink, et précieusement conservée sur un bout de papier enfermé dans un coffre en Suisse. D'après leur slogan, c'est "fabriqué en Ecosse, à partir de poutrelles (yumyum). D'après Wikipédia, en 1999, il y avait dedans 0.002% de citrate ferrique d'ammonium, et puis, du sucre, 32 agents aromatisants, et des colorants (mais, les trois derniers, très honnêtement, on les aurait trouvé tout seul...). Et tout ça donne un résultat très orange, très sucré, et globalement très étrange. Très bon contre les gueules des bois, également, paraît-il. Enfin. Ecossais, quoi.

Pour des informations complémentaires, je vous renvoie à ce magnifique site promotionnel, tout en flash et plein de schémas qui clignotent et d'historiques qui bougent, tout comme Bruno Latour les aime (au détail près qu'il est dépourvu de controverses digne de ce nom, mais je ne doute pas qu'il soit possible d'en dénicher une ou deux en cherchant bien) : www.irn-bru.co.uk

Quant à ceux qui souhaiteraient goûter la chose - à leur risques et périls, prière de passer commande en utilisant la fonction "publier un commentaire". Colis ou livraison à domicile, au choix (l'une prenant plus de temps que l'autre j'en ai peur). La maison décline toute responsabilité en cas d'effets secondaires non désirés.

samedi 6 octobre 2007

Sky blue sky....


Post noctambule, premier du nom. Il faut bien s'astreindre à un minimum de régularité (ahem). Donc. Il est 1h09 du matin, nous sommes samedi 6 octobre, le vendredi est officiellement révolu et avec lui, la première semaine de cours. Alors... racontons ça.


Premier point, pour l'instant, le plus fatiguant dans les cours, c'est le grimpage d'escaliers et le dévalage de côtes, inévitables du fait de la situation de l'Université, tassée à flanc de colline. Le plus déconcertant, ce n'est pas le contenu des cours, non, c'est le contenant, les innombrables "buildings" aux noms qui se ressemblent (oui, bon, ben c'est des noms d'Ecossais quoi) et la numérotation des salles et des étages, assez ésotériques au premier abord. Là aussi, c'est un corollaire du flanc de colline : selon la porte par laquelle on va entrer dans un des bâtiment, on peut se retrouver au 6e, au 3e ou en dessous du premier étage... Des fois, on a de la chance, on rentre en face des ascenseurs. Des fois, moins, et on se tape tout à pied, avant de faire trois fois le tour de l'étage pour trouver la bonne salle.
Une fois cette épreuve surmontée, les choses se passent généralement plutôt bien. Le pire qui puisse arriver, c'est de tomber sur un prof un peu trop écossais, et de buter sur l'accent qui va avec... il faut avouer que c'est une éventualité assez probable et difficile à éviter, mais, heureusement pour nous pauvres non-autochtones, le powerpoint est là pour nous aider à reconnaître les mots.

Ceci mis à part, rien de bien éreintant pour l'instant. Un cours ici dure entre 50 minutes et 1h, auquel on peut ôter un bon quart d'heure dévolu à la présentation général du cours pour la première leçons. Il y en une petite dizaine par semaine comme ça, à laquelle viendront se greffer deux ou trois heures de tutorials, qui sont en clair les cours en petit groupe pour lesquels on est censés vraiment travailler. Certes, il y a des bibliographies imposantes pour chaque cours, certes il est écrit sur la livret de présentation qu'on est censé consacrer 150h dans le semestre à chaque cours, certes tout ci et certes tout ça. N'empêche que mieux vaut avoir des choses à faire à la bibliothèque pour s'occuper les après-midi où il pleut, et gageons qu'il y en aura (surtout quand on habite juste en face de la bibliothèque).


En attendant, il ne pleut pas - enfin, plus exactement, il ne pleut plus : mercredi, le siel a plu tout ce qu'il pouvait et tout ce qu'il avait ; résultat, il n'a plus rien, et les nuages ont dû s'en aller faire des courses pour se ravitailler un peu (ils étaient tout vidés, et c'est pas étonnant, avec les trombes d'eaux qu'ils ont malencontrueusement laissées tomber l'autre jour). Du coup, il fait BEAU, avec un grand beau soleil sur le grand beau ciel bleu et une douce belle lumière automnale qui vient caresser les fauilles roussisantes des arbres. Pour présenter les choses autrement, il fait un temps qui dit "vient, ne rentre pas chez toi, comment pourrais-tu préférrer 10m2 peint en bleu, quand tu m'as, moi, été indien écossais?". Alors marchons, marchons, et ne citons pas la Marseillaise, s'il vous plaît, c'est absolument hors de propos.
Un coup vers la gauche, un coup vers la droite, un jour vers l'ouest, un jour vers l'est. Les deux sont très bien en tout cas, et très très différents. Forcément. Glasgow est construietes de telle façon qu'on ne peut jamais savoir ce qui va nous attendre au prochain tournant. Imposantes bâtisses victoriennes, pubs peints en noir, vert ou rouge, bâtiments ultra-modernes, terrains vague en travaux, grands espaces verts aérés et remplis d'arbres, immenses serres, maisons cossues alignés dans des rues ombragées, petites boutiques aux étendards de couleurs vives, cathédrale majestueuses entourée d'arbres, vieil hôpital, champs de mausolés plantés en haut d'une colline, avec vu sur les plus belles usines de Glasgow.... Cette ville est un bazar incroyable, un foutoir architectural sans logique apparente, qui change du tout au tout tous les 100m, un patchwork de couleurs, de tailles, de styles. C'est pas forcément toujours beau (même si souvent), mais ça a le mérite de ne pas être ennuyeux, et puis, si on y ajoute le soleil qui brille ou la douceur rosâtre du crépuscule, c'est charmant tout plein.



Conclusion, pour l'instant, pas vraiment de raisons de regretter mon report perpétuel à un lendemain indéfini de mes premiers pas dans la bibliothèque. Même si hum, bon, ben, va bien falloir y aller, un jour ou l'autre, hein.


mardi 2 octobre 2007

L'Internationale étudiante




Débarquer dans une université étrangère à l'étranger, faudrait pas croire que c'est original. C'a l'a peut-être été, mais ça ne l'est plus, ou en tout cas, pas ici : les non-écossais de Strathclyde se comptent par centaines, de provenances on ne peut plus diverses... Des Français en masse, certes, mais pas que ça, puisque l'Europe est abondamment représentée, de la pointe ouest de l'Espagne à la Finlande en passant par la République Tchèque (j'en conviens, ça fait un ptit détour) ; et puis, des Asiatiques, des Américains, des Australiens dans tous les coins. Toute cette faune multi-horizonale est accueillie dans les règles, qui par le Glasgow International Students Welcome Program, qui par Mr. Jim Wilson, Senior International Adviser pour Strathclyde, qui par les deux à la fois. Le but, c'est que les nouveaux arrivants totalement paumés soient un peu moins paumés, et parviennent à lier connaissance avec d'autres gens avant d'être lâchés dans la jungle de l'université (hum, enfin, jungle...).

De son côté, Jim Wilson choisit un pub de Glasgow chaque mercredi soir, et propose à tous les étudiants étrangers de s'y retrouver. Entre deux pintes de Tennents ou autres breuvages brassés localement, les accents se croisent gaiement dans le brouhaha ambiant (on ne peut pas imaginer le bruit impressionnant que peuvent produire 200 personnes en train de discuter tant qu'on ne l'a pas entendu). Et comme personne (ou presque) ne se connaît, libre à chacun d'aller voir qui il veut et de décliner son "Hi!", son nom, son orgine et son domaine d'étude.
Prérequis indispensable, avoir appris à prononcer tout ça correctement en Anglais... ce qui est facile quand on s'appelle John, Tom ou Sarah, mais pas tant que ça quand on doit transformer l'habituel "Béatrice" en "Beeatwrice". Au pire, on le répète...
Après, forcément, tout ça ne donne pas des conversations d'une grande originalité, certaines auraient même tendance à frôler la redondance. Schéma général, ou l'art de la conversation estudiantine sans frontière en kit :

"Hi! What's your name?"
"Hi! [un prénom, donc] What's yours?"
" [un autre prénom, ou le même, si ça vous amuse, mais sachez que cela comporte un risque de détournement du cours de la conversation.] Where are you from?"
"[un pays, ou une ville, ou les deux]. And you?"
"[un autre pays, ou une autre ville, ou les mêmes]"
"And... what are studying?"
[réponse, renvoie de la question. C'est rarement la même chose.]
Ensuite, au choix (bon, ça se passe toujours en anglais, alors il faudra faire un effrot d'imagination/traduction) :
- Oh, je connais quelqu'un qui vient de ----. Et je connais quelqu'un qui étudie ----.
- Je suis allé dans ton pays, une fois, j'ai bien aimé.
- Où est-ce que tu habites?
Si on arrive à dépasser ce stade, en général, la conversation commence à se diversifier un peu, même s'il reste encore quelques passages obligés, du genre "qu'est-ce que la vie est chère ici!" ou "t'as choisi quoi comme bière?"

Après, en plus de Jim Wilson, il y a le bureau d'accueil, qui s'occupent des étudiants de toutes les universités de Glasgow, et siège au Quai 11 de la Central Station tout le mois de Septembre. Les comités y sont plus réduits, parce que les évènements qui y sont organisés sont souvent payants, et parce que la Central Station, c'est un peu plus loin du campus. Là, on peut se faire offrir un chocolat chaud avant de partir découvrir la "gruesome history" de Glasgow, guidés par un barbu au sourire de Hobbit et à la robe de moine en pénitence qui connaît apparemment toutes les histoires d'éxécution, de profanations de tombes et d'assassinats de Glasgow. On peut aussi, sur un coup de tête, décider de payer 50£ pour un week-end sur Wemyss Bay et l'Isle of Bute avec une trentaine d'autres new-glaswegian (dont un tiers de français, ahem).

Wemyss Bay, c'est ce qu'on trouve quand on part de Glasgow et qu'on se dirige vers l'ouest jusqu'à tomber sur la mer, c'est-à-dire assez vite. L'Isle of Bute, c'est juste en face, un petit morceau de terre séparé du reste du pays par un petit bras de mer. Dessus, il y a entre 7000 et 8000 habitants, une tearoom "spécialisée dans la cuisine américaine" et qui fait des gâteau tellement monstrueux et couverts de crèmes et glaçage qu'il suffit de les regarder pour ne plus avoir faim, et un immense palace néo-gothique planté dans un grand parc. Malheureusement, ce samedi, le ciel était d'un gris de plomb et l'air glacé : pas de soleil qui se reflète dans la mer, juste un vent furieux qui vient gifler les passagers sur le ferry et donne envie de retrouver bien vite les canapés de la YMCA (eh oui) louée pour héberger toute la troupe... L'ambiance est un peu étrange, comme dans un groupe de gens qui se connaissent à peine et se retrouvent à passer 48h ensemble, alors qu'une fraction des Français se rassemble en meute pour commenter heut et fort -mais pas en anglais- tout ce qui passe sous leur nez, et que les autres échanges les anecdotes sur leur pays ou leurs voyage. Pourtant, c'est beau, les maisons qui longent la côté, les érables nains du jardin ou les plafonds ornés du palace... Mais cet abruti de soleil n'ouvrira pas l'oeil avant qu'on soit sur le chemin du retour.






Spécialités locales : le mead, hydromel écossais (ou pendant roux du Chouchen ;-) ), et les bons gros gateaux.

vendredi 28 septembre 2007

Locked-Out

Ce blog est tout neuf, je n'ai (pas encore mais plus pour longtemps) cours, la météo a subitement décidé de redevenir écossaise ; conclusion, je m'ennuie, et je m'empresse de venir raconter ma vie ici. Commençons par la narration de mon petit traumatisme matinal, qui servira de prétexet à une petite description de mon cadre de vie, i.e. de mon 'tit appart universitaire là haut tout en haut sur la colline.
Ce matin donc, à 8h précises, mon réveil se manifeste dans une vaine tentative de me faire quitter ma confortable couette. Malheureusement pour moi, il est assisté dans cette tâche par l'homologue de la chambre d'en face, qui émet un désagréable mais imperturbable "tûûût tûûût" (la locataire de chambre d'en face ne doit pas y être, dans sa chambre, sans quoi elle aurait déjà arrêté cette horreur). Bref, tant bien que mal, je m'extrait de mon lit puis des 10m2 qui me servent de chambre. La porte se referme derrière moi. Sauf que, malheur, mes clés ne sont pas du même côté de la porte que moi. Ca devait arriver, un jour où l'autre... mais ça ne rend pas le trajet en chemise de nuit, dans le froid matinal, jusqu'au Village Office pour demander une clé de rechange plus agréable.

Car oui, le problème d'un campus, c'est qu'il vaut mieux que ce soit sécurisé, et que la meilleur façon de sécuriser est encore de mettre des verrous aux portes. Les dites portes sont en plus de ça des portes coupe-feu, qu'il est quasiment impossible de maintenir ouvertes... à moins d'avoir pensé à bloquer le verrou, mieux vaut donc penser à prendre ses clés quand on sort, surtout que chacun n'a droit qu'à trois enfermements dehors sans réprimandes. Les portes, donc, sont le premier et principal inconvénient du logement on-campus. En cherchant un peu, on peut dresser une listes d'inconvenances secondaires : les murs peints en bleus, on ne sait pourquoi, les cris dehors jusqu'à 2h du matin, le bruit incessant des voitures, la cuisine dépourvue de toute ustensiles lorsqu'on arrive... Mais, soyons honnête, ces détails mis à part, on est loin de l'inconfort : c'est propre, fonctionnel, avec une baie vitrée donnant sur un jardin dans le salon, et le campus est rempli de verdure et d'arbres (avec même un petit ruisseau), ce qui, en plein centre ville, est appréciable.

Quant à la population du campus, elle se divise entre les freshers écossais, reconnaissables à l'amas de bouteilles de bières dans la cuisine, et les étudiants étrangers, reconnaissables à l'absence d'accent écossais. Chez moi, il y a deux étages d'écossais, deux étages d'étrangères, et un joli mis sur mon étage... Présentation, par ordre d'arrivée (j'ai pas de photos, pour l'instant, j'actualiserai en temps voulu).

• Barbara, Canadienne, en troisième année de Civil Engineering, arrivée un peu avant moi. Elle vient de Kingston, entre Toronto et Montréal, et a vécu 3 ans au Québec, donc comprend le français (et est capable de le parler, même si elle ne le fait pas).
• Puisan, Malaisienne, en troisième année d'Architecture, arrivée le même soir que moi mais censée rester à Glasgow pour trois ans, le temps d'obtenir son diplôme.
• Caroline, Américaine (du Massachussets), là pour un semestre à la Faculty of Education, section sport - jure tous les soirs qu'elle n'ira pas aux soirées des freshers, avant de finalement s'éclipser pour s'y rendre, et de découcher, en oubliant de désativer le réveil...
• Eva, Espagnole de 25 ans, elle aussi en Engineering pour l'année.
• Enfin, Martina, Tchèque, future architecte n°2, arrivée bonne dernière mercredi soir.

... ou un petit échantillon du bouillon de nationalités qui mijote à Strathclyde, savamment réparti de façon à éviter les grumeaux nationaux. C'est aussi un excellent moyen d'éviter d'atraper l'accent écossais trop vite, ce qui n'est pas forcément un mal...
Il paraît que le campus est rempli de français, et mon oreille me dit que c'est probablement vrai, à force d'entendre des phrases ou des accents indubitablement gaulois ; toujours est-il que pour l'instant, je ne suis pas allée tellement au-delà du "ah tiens! ceux-là sont français!", et de toute façon, je préfère attraper un accent écossais, américain ou malaisien, que renforcer la part d'accentuation à la française dans mes phrases anglaises.