Glasgow, paraît-il, se vante d'une plus qu'honorable troisième place dans le classement des villes européennes possédant la plus grande surface marchande - après Londres et Paris. Quelques petites balades dans le centre de Glasgow suffise à faire abandonner toute tentative de remise en cause de cette affirmation au plus mauvaise langues anti-écossaises (et/ou anglaises) : des boutiques, il y en a, et pas qu'un peu. On compte pas moins de deux centre commerciaux aux tailles forçant le respect, le long de Buchanan Street, la principale artère commerçante de la ville : les Buchanan Galleries en haut, Sain Enoch en bas. Entre les deux, car consommateur pour consommateur, autant relier les boutiques concentrées à grand renforts de boutiques (légérement) diluées, on n'est pas dépourvu... Virgin, Topshop/Topman, All Saints, Borders, Diesel, Monsoon, Apple Store, Orange, Lush, Carphone Warehouse, glurps, je me noie sous les enseigne, les vitrines, les habits, les chaussures les livres, la musique que crache les hauts parleurs. De-ci de-là, un Snax in the City, Copuccino (ancienne loge de police convertie en loge de cafetière), Starbucks, ou un bête Fish & Chips se tiennent diposés à assouvir l'appétit des shoppeurs, affamés par ces allers-retour incessants de haut en bas de la collines ; aux heures de pointe (11h-16h), des cornemuses, des joueurs de djembé ou des guitaristes rythment allégrement le flot humain qui se déversent depuis ou dans les deux artères perpendiculaires à la Buchanan : Argyle Street en bas, Sauchiehall Street en haut. Tout droit venues de l'ouest, ces deux grandes rues imitent la Buchanant libérée des voitures et se convertissent en avenues piétonnes le temps de traverser le coeur commerçant de la ville, en profitant pour se parer de leurs plus beaux étals. Merveilles du développement en chaîne, c'est les mêmes au nord ouest et au sud est : Marks&Spencer, HMV, Virgin, Clinton's Cards, etc, etc.
Pas très exotique, tout ça, n'est-ce pas? Indéniablement, il y a de quoi chopper un sacré tournis entre ces grandes surfaces nettes et rangées aux prix généralement exorbitants - ou, en tout cas, chers. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on s'en lasse vite. Mais ce serait mésestimer Glasgow la bordélique que de réduire sa surface marchande à ces quelques multinationales bien ancrées, et ça risquerait même de la vexer, car tout ça n'est que la partie immergée de l'icebarg. Le morceau qu'on voit quand on reste dans les sentiers (... le terme "sentiers" n'étant autorisé que par la magnanimité de la licence poétique...) balisés et refuse de s'aventurer dans les coins moins lêchés. Il suffit de continuer le long d'Argyle Street pour se rendre compte que, soudainement, les choses ne sont plus pareilles. Les boutiques ne sont plus grandes, ni bien éclairées, ni bien rangées. Leurs noms ne sont plus ni pimpant ni familiers. Plus de Starbucks ou de Costa Café, à la place, des gargottes aussi discrètes que glauques. Le géant protecteur du coin, grand seigneur des bazars bon marché, s'appelle T. J. Hughes. Il vend de tout, pour rien. Autour, les Pound Stores pullulent - tout à un 1£, de la perceuse au litre d'Irn Bru en passant par le sèche-cheveux et la boîte de peinture.
La plus forte concentration en Pounds Stores de tout Glasgow se trouve sans doute sur ce tronçon de rue, mais ce n'est pas pour autant qu'ils sont tous ici : il y en a partout, dispérés dans tous les coins de la ville, parfois en grappe, parfois isolés. Et comme si ça ne suffisait pas, ce ne sont pas les seuls temples du Tout pour Rien - non, Glasgow fait mieux, ou pire, enfin, plus glaswegian en tout cas. Pour s'en rendre compte, le mieux est encore de continuer la descente vers l'est, de préférence un week-end... Au fond de l'immense parking derrière T.J. Hughes, il y une petite place qu'on imagine avoir été un ancien no-man's-land bordés d'entrepôts délabrés, qu'un jour une poignées d'écossais décalés auraient décidés de ressuscité. C'est King Courts, qui n'a de royal que le nom, une antre contre-culturelle où se côtoient quelques friperie, un marchand de guitares d'occasion, une boutique de posters, une autre de tee-shirt personnalisables, et, en bon gardien du temple, Mono, un restaurant végétalien-bar-disquaire résolument indie qui porte en guise de couronne une verrière et une tête de mouton.
Mais tout ça est encore bien sage... On peut encore continuer vers l'est, un pâté de maison derrière la rivière. Déjà, sur les trottoir ou dans les petites allées, on commence à voir des étals bordéliques où s'amassent de tout et de rien, des grand hangard proclamant être spécialisés dans le lino ou le papier peint, des enseignes colorées de "markets"... Et puis on finit par arrivé sur Gallowgate, une rue bariolée sortie de nulle par, bordés de magasins et de pubs d'un autre temps (mais, lequel?), et par une grande salle de concert ornées de néons étoilés. "Cycles Sales & Repairs", clame une enseigne à laquelles sont accrochés des vélos. Des Cut-prices, Pound stores & co. à profusion. On se rapproche du but... En face, sous une grande arche rouge accueillant les visiteurs aux "Barras", tout les week end, un des marché les plus bizarres des métropoles occidentale se déploie dans un fatras monstre sur quelques dizaines de métres carrés de rue goudronnées et de hangars peinturlurés. On entre, et, instantanément, on oublie où on est, quand, pourquoi, comment. Ca ressemble vaguement à une cité portuaire au début du siècle. A moins que ce ne soit à un souk, la grisaille et le froid en supplément, ou à une foire sans attraction ou alors simplement à un marché aux puces. Il y a des hangars, des stands, des étals, des barraques à crèpe et des roulottes à hot-dog, des gens qui s'apostrophent, partagent des cafés, achètes des fruits ou des gâteaux en contemplants les télévisions et les antiquités. Il y a des meubles, des pièces, des timbres, des théières hideuses, un pin's des Red Hot Chili Peppers qui traîne au milieu d'insignes de la "Life Saving Society", des banjos, des vieux vinyles, des DVD pirates, des casques, des plaques mortuaires, des fleurs, des fers à repasser, des posters, des miroirs déformants, des kilts, des guitares roses, des thrillers jaunis, des postes de radios, de l'encens et des champigons hallucinogènes. Des boîtes à outils. Des bibelots poussièreux. Des fripes en vrac. Des confiseries de toutes les couleurs. Des matelas. Des casseroles. Des rideaux. Enfin, vous devez avoir saisi l'idée, maintenant.
Forcément, après ça, Buchanan Street est à la fois très rassurante et très fade, pourtant elle n'est pas à plus de 20 minutes à pieds. Ca n'explique pas la prolifération des bazars et vide-greniers permanents (peut-être les greniers écossais sont-ils sans fonds?) à Glasgow, mais ça garantit que ni Marks, ni Spencer n'en viendront à bout avant très, très longtemps. Après tout, ça fait quelques siècles que Glasgow porte la casquette de ville marchande que chaque nouveau bateau dans le port enrichit un peu plus par-dessus celle de cité industrielle au développement foudroyant - ce qui implique l'abondance de choses à vendre, que tout les employés des magnat du commerces et de l'industries ne peuvent pas se permettre d'acheter au même prix que leurs patrons... Old habits die hard, or so it seems.
2 commentaires:
Je vais recommander la lecture de ton blog à mon père, il va adorer!
Je vois que tu as parlé du petit coin où nous étions passées toutes les deux, vivement qu'on ait un peu de temps pour l'explorer plus en détail!
Par contre, pas de mention des Limousines Roses et des Guitares Roses dont tu te disais envahie!! Oui, ça aurait fait un peu tache peut-être, et ces deux curiosités seraient en effet plus à leur place dans un paragraphe de mes Funny Scottish Facts que dans cette prose qui nous transporte au coeur de ta ville.
Mais si j'ai parlé des guitares roses, en plus!
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