lundi 5 novembre 2007

Guy Fawkes Burns

Depuis environ une semaine, Glasgow crépite. Des bouquets d'étincelles fleurissent ça et là dans le ciel et égayent un peu la noirceur prématurée de la nuit (qui tombe toute encrée dès 17h30), tant et si bien qu'on finit par s'habituer aux cris des pétards qui s'enflamment et à ne plus trop y prêter attention (comme on s'est habitué au cris des flambeurs de pétards alcoolisés...). Mais ce soir, le ciel crépite en continue et les tâches dorées se disputent la vedette. Apothéose en feux d'artifices... Comme partout à travers le Royaume-Uni, comme tous les ans, j'imagine.



Le 5 novembre s'enflamme : c'est la nuit de Guy Fawkes, celle des feux de joies dans lesquels on jette des épouvantails à l'effigie d'un certain Mr. Fawkes... Pauvre Guy Fawkes, qui même en ayant atteint l'âge canonique de 537 ans, continue inlassablement à être porté au bûchet pour un attentat qu'il n'a pas eu le temps de commettre. En 1605, ce qui commence à dater, ce catholique anglais et une douzaine de ses comparses pyromanes rêvait de se débarrasser du roi James Ier et de toute la clique protestante qui siégeait au Parlement de Westminster. Aux grands maux les grands remèdes, ou comme l'a si bien dit notre protagoniste, une maladie dangereuse appelle un remède désespéré : c'est bien connu, le feu purifie et cautérise, il faut donc brûler les Chambres de Parlement. 36 tonneaux de poudres à canons dans les souterrains, et un Guy Fawkes devant les enflammer le 5 novembre... Sauf que, ç'eut été trop beau, la conspiration aura été découverte avant d'être mise en oeuvre, tout ça à cause d'une lettre (prétendument) écrite par un conspirateur pris de remords à l'idée que des innocents puissent être victime de l'attentat... et Guy Fawkes se retrouvera torturé dans une cellule avant que ses compagnons ne soient arrêtés, pour finir au bout d'une corde pendue à un gibet (évitant habilement l'écartelage en ayant la saine inspiration de se briser le cou à la première étape - c'était la séquence détails gores).

Bref, du coup, les Londoniens se sont épargné un beau feu d'artifice sur les rives de la Tamise. Il faut bien qu'ils se rattrapent... alors eux, et tout leurs concitoyens britanniques se rattrapent en effet chaque 5 novembre, depuis 401 ans, en allumant des feux sur la terre et dans le ciel. Bien sûr, il ne font pas les choses à moitié, car l'échec du "seul homme à avoir jamais pénétré les Chambres du parlements avec de bonnes intention" se doit d'être commémoré dans les formes. Et puis aussi parce que les feux d'artifices, c'est beau et c'est amusant, et parce qu'on ne va pas perdre une occasion de faire la fête, du bruit, et de la descente d'alcool.



Alors Glasgow (comme toutes les villes britanniques certainement) crépite à l'aube de novembre, jusqu'à l'apogée de la soirée du cinq, qui voit des glaswegians par milliers marcher en processions jusqu'aux pelouses de Glasgow Green, d'où est lancé le feu d'artifice officiel et ordonnée de la ville. Odeur de la pelouse piétinnée par la foule qui se mèle aux relents émanant des stands à snacks, musique de foire, lumières multicolores des attractions, tourbillons des manèges... C'est un terrain de fête comme un autre, mi-foire mi-festival, où des écrans géants diffusent les monologues de deux présentateurs chargés de combler les blancs en parlant de la candidatures de Glasgow pour accueillir les jeux du Commonwealth de 2014. Et à 19h30 précises (la nuit tombe tôt, pas besoin d'attendre plus longtemps pour lancer les fusées), le feu d'artifice, qui comme tout feu d'artifice, fuse, pêtarade, siffle, envoie des étincelles vives qui fondent en larmes d'or dégoulinantes sur le drap noir du ciel, et hypnotise le tapis humain soudainement retombé en enfance.


A 20h, la dernière fusée a rendu l'âme (quoiqu'il en reste encore un paquet de dissidentes qui vont silloner les cieux toute la nuit), la foule se meut d'un bloc vers la sortie du parc, et il rest ela nuit entière pour faire cramer des Guy Fawkes en carton-pâte ou allumer des feux de joie dans les appart' du campus (ce qui n'est pas très conseillé, la faute aux détecteurs de fumées, toujours aussi sensibles les saligauds). Ceci dit je n'ai pas vu de cramaison de Guy Fawkes, moi. Snif.

2 commentaires:

Ellinoä a dit…

Euh, je précise seulement que la nuit commence à tomber à 16h30, et qu'elle l'est complètement à 17h!

Maudbo a dit…

Génial ton articlounet (et vive l'humour anglais:)). besos!