mardi 27 novembre 2007

Edimbourgbis

Glasgow, c'est bien. Edimbourg, c'est pas mieux. Mais c'est bien aussi. Bon et y a la tombe d'Adam Smith à Edimbourg. Et même sa maison. Et le Parlement Ecossais! Et Tom, pour couronner le tout. En plus c'est pas loin, même si le train prend son temps. Et puis faut avouer que Glasgôôw devenait un peu bizarre ces derniers temps : au lieu de se contenter de bêtes décorations de Noël, comme tout le monde, les Weegies ont été pris la semaine dernière d'une frénésie électrique, ce qui fait qu'entre vendredi et dimanche, dès que la nuit tombait (c'est-à-dire à partir du milieu de l'après-midi, car d'après le site de la météo, coucher de soleil: 3:57 PM), il y avait des trucs lumineux bizarres un peu partout, du genre des annonces de la mairie qui reconverti les terrains vaugues en jardins médiévaux et s'en vante, ou encore des ampules géantes pendouillant depuis des grues ("oh! a huge lightbulb!", pouvait-on entendre dans la rue).

Donc Glasgôôw c'est bien, mais des fois, il faut faire un break. Dimanche, trahison suprême, je suis donc allée à Edimbourg, parce que je n'avais plus d'excuses, et ce même si "Edinbrhrugh is fucking resort" (dixit Neil McGarvey, professeur de Politics of Modern Scotland de son état, aussi célèbre pour les phrases "Thatcher was a man in drag" et "I'm not pregnant, I don't know a damn thing about maternity services"). Une telle expédition impose un débauchage de Pomme et de Tom, ce qui fut fait, oh merveille d'internet.

Par contre, nous n'eûmes (moi ze sais conjuguer au passé simple, nananère) point le temps de débaucher la limousine rose... Hélàs. Ce fut donc le train, pas tose du tout, avec quelques problèmes de synchronisation dus à:
  • la manie des bus stirlingiens à faire la grasse mat' le dimanche, comme le métro weegie quoi.
  • un téléphone portable bloqué
  • un oubli de consulter ses mails, compréhensible après un réveil autrement plus matinal que celui des bus stirlingiens
Fort heureusement, deux téléphones portables n'étaient pas bloqués et cela suffit à régler le problème. Grâce à eux, ce sera contrairement à ce qui était prévu le Tom que je retrouverai à la gare avant la Pomme. Un Tom qu'un vilain devoir de physique harcèle sans parvenir à l'empêcher de s'endormir dessus... Donc Tom a fuit la vilaine physique, et le voici à mes côtés en train de marcher à travers les froides rues d'Edinburgh (prononcez : É-di-n'-bhurrghugrtra, ou quelque chose d'approchant). Bon, depuis un peu plus d'un an que je les avait arpentées pour la dernière fois, ces rues, elles n'ont pas beaucoup changé, c'est pas très surprenant (surtout pour des rues d'Edimbourg, parce que d'abord, Edimbourg c'est rien qu'une ville musée toute figée, contrairement à sa soeur de l'ouest qui elle ne cesse de se réinventer, nananère, et non je n'ai pas été endoctrinée par le conseil municipal de Glasgow). Par contre la température a changé, la lumière aussi, et une fêtes forraine s'est plantée sous l'abominable monument à Walter Scott qui complexerait même le plus extrêmistes des neo-emo-goth écrivant dans sa cave des chansons sombres sur des hobbits au coeur brisé en y greffant de long solo épiques. Tom me fera d'ailleurs remarquer que la proximité des manèges et de l'horreur architecturale su-mentionnée (pas ravalée depuis des siècles pour ne rien arranger) est assez dissuasive... Il y a de quoi faire de la bouillie d'Edimbourgeois en bas-âge, là... hmm charmant charmant.

(pas bô, n'est-ce pas?)

Après une heure de marche le long de Cockburn Street, Royal Mile, et du marché de Noël allemand (oui, oui, je maintiens qu'il était allemand, Camille), retour à Waverley Station pour récupérer la Pomme, bien arrivée et immanquable dans son sweat-shirt Stirling University vert pomme (comme il se doit), son manteau prune et ses cheveux rouges. Retrouvailles émus, pour la première fois depuis loooooooooooooooooooooongtemps, nous nous retrouvons plus de deux scubiens réunis. *petite minute de silence, séquence émotions, je vous prix. ce fut beau*
On est scubien ou on l'est pas, mais quand on l'a été on le reste ; le premier sujet de conversation, comme il se doit, aura été la dernière journée de déprime (jamais bien vieille ahem) et la dernière nuit plus épuisante que reposante, même si nous convenons tous qu'en Ecosse, à la fac, ils foutent rien. Et les scubiens vont manger, parce qu'il est 13h30, quand même (mais pas au RU, parce qu'il y en a pas à Edimbourg). Repas marquant s'il en est, comme le prouve cet inventaire non exhaustif des points mémorables :
  • La découverte du nid du Tom, qui n'est pas bien différent du nid bactérien ou du nid pommien, sauf qu'ici c'est le vert pâle qui a été choisi pour recouvrir les murs
  • La découverte de l'existence d'écossais associaux (malgré la législation en vigueur pour lutter contre l'"anti-social behaviour"), dont le Tom ne connait même pas le prénom, et à peine le visage
  • Le rappel par Camille du fait que, paraît-il (c'est le docteur McNamara qui l'a dit dans Nip/Tuck - une dépèche en provenance d'Adèle vient de me faire savoir que ce n'était en fait pas le docteur McNamara qui l'avait dit, mais le docteur Troy. Mea culpa.), le jus d'ananas rend le sperme sucré, ce qui est un renseignement d'une utilité indéniable
  • La découverte du fait que les légumes congelés, ça se fait cuire directement dans la poêle, et pas en les faisant passer au micro-onde avant
  • La découverte des véritables origines de Tom, que je ne détaillerai pas plus que Camille dans son blog, de crainte de perturber les âmes sensibles, et aussi de m'embrouiller dans mes explications.
  • Les retrouvailles émues avec le Boursin (mais pas le vin, ni le vrai pain)
  • La preuve du fait qu'on peut être écolo et manger des raisins sans pépins.
Sur ces entrefaites, le trio scubien s'en va au musée, tombe né à né avec Dolly, qui tourne en rond dans sa cage en verre. Comme c'est un musée écossais, c'est le bazar et il y a de tout et de n'importe quoi (et pas uniquement un mouton cloné empaillé), mais le Tom n'a ni le temps ni l'envie de revisiter en entier un musée qu'il connaît par coeur, et nous emmène au dernier étage admirer la vue sur Ed' (faut s'arrêter là, c'est mieux en gardant juste la partie prononçable). Les cieux sont tout clairs et transparents, la lumière est froide sèche, et le panorama est beaucoup moins rouge et, il faut l'avouer, beaucoup plus élégant que celui qu'on a de la même hauteur à Glasgôôw. Y a même la mer au fond!


Ensuite, le Tom, qui prend son rôle de guide très au sérieux, nous oriente à travers le quartier de l'université (reconnaissable aux nombreuses plaques vertes... euh, non, bleue qui signalel'appartenance des bâtiments à l'institution), jusqu'au grand parc des Meadows, où nous ne trouvons rien de mieux à faire que de rencontrer une ancienne collègue de Sciences Po, en stage à Londres et en week end en Ecosse. Flash, retour chez Machtou en cours sur l'Union Européeenne, le vendredi à 20h, le débit du prof qui rend la prise de notes sportive, les plans en deux parties-deux sous-parties-avec des points de suspension dans les titres, la Commission, JLB, VGE, CEE, TCE!.... tout cela nous manque-t-il vraiment? (eh bé oui)

Retour au château, séance photo sur l'esplanade au crépuscule (cf. le blog de Camille pour les photos...), adieux à Tom que sa migraine attire incompréhensiblement vers son devoir de physique (et, hum, vers son lit aussi peut-être). Une crêpe au Nutella au prix prohibitif servie par un écossais francophone dans un marché de Noël allemand, une looooooongue discussion bactério-pommesque dans le froid de la nuit écossaise, un bagel dans la gare, poursuite de la looooooooongue discussion dans le froid un peu moins glacial de la gare : il y en a deux qui avaient besoin de réconfort avant de s'en retourner chacune dans ses 9m2 de chambre...

Vous constaterez (et excuserez je l'espère) l'absence flagrante de photo digne de ce nom, la faute à mes piles d'appareil photo qui ne marche pas, et à ma flemme légendaire de sortir l'appareil du cas et de m'arrêter le temps de cadrer et d'attendre que le petit oiseau soit sorti (ce qui prend d'autant plus longtemps qu'il fait frrroid dehors).

Nouvelle sans intérêt du jour : au bout de deux mois à écouter mes profs parler dans leur patois local, je pense désormais avec l'accent écossais en sortant de cours. Cette histoire va mal finir, je le sens.

jeudi 15 novembre 2007

Mystères écossais #1

Après près de deux mois en immersion sur le territoire écossais, si certaines étrangetés ont fini par révéler leur sens et leur logiques intrinsèques (le cas Irn Bru, les Pound Stores, l'heure de fermeture des magasins, qui s'explique dès que la nuit commence à enfler, ou encore les feux rouges et passages piétons, en fin de compte compréhensibles, par exemple), d'autres restent définitivement obscures et indéhiffrables. Petit inventaire (pas forcément exhaustif) des énigmes locales insolubles :


• Qui vole le chapeau de Wellington?
A Glasgow, il y a beaucoup de statues. Mais la plus connue, c'est certainement celle de Wellington. Wellington, c'était un général (écossais je suppose, quoique je suis pas allée vérifier) qui a dû se battre contre Napoléon et probablement gagner, ou un truc comme ça -pardonnez l'ostensible inexactitude historique, j'ai décidé de boycotter Wikipédia aujourd'hui, là comme ça tout d'un coup. Bref, tout ça n'est pas très important, parce que de toute façon, il est mort. Mais à Glasgow, comme je l'ai dit, on lui a fait une statue, avec une de son cheval en dessous, et on a mis les deux (Wellington et le cheval) sur un piédestal sur St Vincent Square, tout pile au milieu de Glasgow. Derrière, on a mis la Gallery of Modern Art. Et je ne sais pas si c'est lié, ou si c'est simplement que quelqu'un, observant qu'à Glasgow, les hivers sont froids (c'est pas très difficile), a décidé de prendre en charge la statue qui ne pouvait pas bouger et de lui offrir un chapeau pour lui tenir chaud aux oreilles, mais toujours est-il que Wellington est traditionnellement chapeauté. Il fallait faire avec les moyens du bord, on a donc fait avec un pylône, enfin un cône de circulation, enfin ce truc conique à rayures rouges et blanches qu'on trouve au bord de routes et qui en Français n'a pas vraiment de nom, parce que ça y en a tout plein partout en Ecosse. Du coup, ça fait plusieurs années que Wellington est connu pour son beau chapeau.
Sauf que, des fois, le chapeau disparaît. Parfois un jour, parfois des semaines. Parfois il réapparait sur la tête du cheval, ou sur celle d'une autre statue à l'autre bout de Glasgow, ou sous la forme d'une botte en carton... Qui s'amuse donc à escalader la statue pour lui ôter son chapeau? Sûrement pas quelqu'un qui chercherait un pylône, il y en a partout on l'a déjà dit. Sûrement pas quelqu'un qui chercherait un chapeau non plus, ça va de soi. Le vent alors? Un Edimbourgeois jaloux? Le fantôme de Napoléon???


• Qui fait chanter les oiseaux?
Dans le monde normal, les oiseaux chantent des fois, quands ils sont contents, ou qu'ils cherchent une âme soeur, ou je ne sais quoi. En général, les oiseaux ont une horloge biologique assez sophistiquée, qui fait que ces célébrations musicales de cultes volatiles se tiennent plutôt à l'aube, ou en courant de journée. Mais à Glasgow, que nenni! Les oiseaux sont probablement aussi ivres et déséquilibrés qu'un étudiant écossais de première année un samedi soir en fin de semestre, et leur horloge biologique a des petits problèmes de réglages, parce qu'ils sont capables de chanter à n'importe quelle heure. A n'importe quelle heure, mais de préférence en pleine nuit, c'est plus rigolo. pPs en pleine nuit à 18h, hein, en vraie pleine nuit, c'est-à-dire vers 23h, minuit, deux heures du matin... Du coup, on s'endort en ayant l'impression que le jour se lève, ce qui est passablement perturbant, quoiqu'on finit par s'y faire. Mais reste la question de ce qui pousse les oiseaux à chantonner gaiement à pareilles heures... Le vapeurs d'alcool et les relents de brasserie? Les résultats des matchs de foot? Les taquineries des Haggis en vadrouilles? Le fantôme de Napoléon???


• Qui peint les guitares en rose?
A Glasgow, il y a des marchands d'instruments de musique. Jusque là, rien de bien extraordinaire, surtout quand on prend en considération la quantité de musiciens que la ville abrite. Bien sûr ces marchands d'instruments de musiques vendent des guitares, et pas qu'un peu... des noires, des blanches, des brunes, des rousses, des basses, des électriques, des rouges, des douzes-cordes, des miniatures... et surtout, des roses. Car oui, la seule chose que vous pouvez être absolument sûrs de dénicher quel que soit le magasin d'instruments de musique où vous vous rendez, c'est une guitare rose... tout format, tout type, de la folk classique au ukulele. La seule explication plausible à ce phénomène pourrait être un amour immodéré du glaswegian pour le rose, observable aussi lorsque passe une limousine rose (celles-ci se sont d'ailleurs un peu raréfiées ces derniers temps). Mais le problème, c'est qu'à part les guitares et les limousines, il n'y a pas grand chose de rose bonbon dans le coin. D'où la question, qui s'amuse à peindre les guitares (et les limousines quand il en passe) en rose? M qui fait sa promo? Un flamand rose échappé du zoo? La panthère rose? Un fan de Pink Floyd? Le fantôme de Napoléon???


• Où ont disparu les livres de la bibliothèque?
L'université de Strathclyde, comme toute université qui se respecte, possède une bibliotèque, avec des centaines de mètres d'étagères croûlant sous le poids des livres, réparties sur six étages. Il y a des livres sur un peu tout, et tous sont directement accessibles... en théorie, du moins. Parce que dans les faits, ça marche beaucoup moins bien. Les choses ne sont pourtant pas tellement plus compliquées que dans n'importe quelle bibliothèque universitaire : le catalogue est informatisé et consultable via Internet ; on y entre la référence du livre qu'on cherche, et il nous indique le statut du livre (emprunté ou pas?) ainsi que la côte qui permet de le trouver dans le labyrinthe d'étagères. Muni(e) de cette précieuse suite de lettres et de chiffres, code indéchiffrable par qui n'est pas bibliothécaire, on peut ensuite s'aventurer dans les allées intimidantes de l'imposant bâtiment, en suivant les panneaux repères, jusqu'à arriver au point souhaité et indiqué par le code. Normalement, ces épreuves surmontées, on devrait être récompensé de sa tenacité par la présence de l'ouvrage tant convoité. Sauf que, pas forcément. Parce que les livres qui ne sont pas en prêts ne sont pas forcément sur les étagères, il faut vérifier - "check shelves", nous propose gentiment le site de la bibliothèque. Souvent, on vérifie et y a rien. Et on revient, et y a toujours rien. Et on rerevient, et y a toujours toujours rien... Alors, qui? comment? où? pourquoi? Un papivore compulsif? Des rats de bibliothèques boulimiques? Un serveur informatique taquin qui s'amuse à jouer des tours aux novices? Le fantôme de Napoléon, soucieux de gommer certaines références embarassantes???


• Qui dessine des silhouettes sur les trottoirs?
Dans les films et séries policières - je n'ai jamais vu de crime en vrai, moâ, ce sont donc mes seules références en la matière - après un meurtre, on retire le cadavre, parce que ça fait désordre et que quand ça commence à se putréfier, ça sent pô bon. Accessoirement, ça serait bêta que les policiers et le génial inspecteur Sherlock Poirot trébuchent sur un corps inanimé et se fassent mal en plein exercice de leurs fonctions. Mais comme il faut quand même garder une trace (souci d'exactitude scientifique, blablabla), on prend une craie blanche et on trace le contour du cadavre, histoire de se rappeler où il était et dans quelle position (ça peut toujours servir).
A Glasgow, il arrive de tomber nez à nez (ou plus exactement, pied à pied, voire pied à nez si on s'y prend bien) avec une de ces silhouettes de craie tracée sur un trottoir. J'ose espérer que ce ne sont pas des monuments en la mémoire d'assassinés notoires, parce que vu le nombre (relativement honorable sans être faramineux), ça serait inquiétant. Alors? Encore une fois, mystère... L'origine de l'appellation de Scotland Yard? La lubie d'un détective retraité et gâteux qui s'invente des scènes de crimes pour occuper ses après midi? Une oeuvre d'art conceptuel et décorative? Le fantôme de Napoléon qui dans un accès de mégalomanie s'amuse à imprimer sa silhouette fantômatique dans les rues???


• Qu'est-il arrivé à Virgin?
Glasgow était réputé pour posséder le plus grand Virgin Mégastore d'Europe, en haut de Buchanan Street, à deux pas de la statue de Donald Dewar ("Scotland's first First Minister ever"). Mais voilà, depuis quelques jours, il n'y a plus de Virgin à Glasgow. Les enseignes rouges et blanches des deux succursales locales ont été remplacées par des enseignes vertes et noires, le nom "Virgin" remplacé par un sybillin "zavvi.co.uk"... Je reconnais que ce mystère est plus facilement résoluble que les autres, mais mon boycott de Wikipédia décidé aujourd'hui pour aujourd'hui m'autorise à m'interroger : d'où vient cette atteinte à la suprématie virginesque? Un dépucelage de la marque? Une crise de folie de Richard Branson, qui aurait soudain décidé que Virgin, tout compte fait, c'était moche, comme nom? Un coup du fantôme de Napoléon, qui fait de ces caprices débiles, des fois...???



• Où est caché le studio de Kevin Ayers?
Dans un accès de vagabondage comme il m'en a pris souvent depuis que je suis arrivée en Ecosse, cherchant déséspérément un vague prétexte à une énième errance à travers les rues de Glasgow, et, plus encore qu'un prétexte, une direction à emprunter, je me suis rappelée les crédits du dernier album du Sieur Ayers : "Recorded at: Marlborough Farms, Brooklyn; Wavelab, Tucson AZ; Eastcote, London; Yip Jump, Glasgow." Ni une ni deux, googelisons "Yip Jump Glasgow" histoire d'avoir l'adresse, jetons un coup d'oeil à un plan de Glasgow, et voilà une destination de pélerinage absurde toute trouvée pour occuper son après midi! Une rapide (et efficace) investigation permet de localiser le studio Yip Jump au 222 West Regent Street, Glasgow (ça, on savait, merci), G2 4DQ, c'est-à-dire quelque part à l'ouest du centre, tout au bout d'une des grandes rues qui forment la trame du bizness-Glasgow, un quartier propret et huppé rempli de bâtisses victoriennes converties en cabinets d'avocats, en bureaux d'experts financier ou en studio de décorateurs branchés. Pas l'endroit le plus exaltant de la ville pour une randonnée pédestre, mais après tout, pourquoi pas. Je me suis donc hardiment dirigée à travers les collines vers la fin de West Regent Street, à la recherche du numéro 222. Bien sûr, au bout de West Regent Street, j'ai trouvé un Novotel, un hôtel Ibis, un grand bâtiment-à-bureaux, mais point de 222 et encore moins de studio Yip Jump d'où serait sorti, comme par magie, un Kevin Ayers.
Ce n'était pas vraiment surprenant, certes. N'empêche, le Kevin Ayers, il a bien dû l'enregistrer quelque part, son album, et les gens qui vont bosser leurs chansons chez Yip Jump, ils doivent bien y rentrer par quelque part, dans ce fichu studio! Mais par où? Comment fait-on pour pénétrer dans l'enceinte sacrée? Faut-il une invitation spéciale? Une clé de chambre du Novotel? Un numéro d'étage? Une autorisation de Daniel Johnston, qui tient à surveiller la fréquentation d'un studio qui emprunte son nom à un de ses disques? Une guitare rose? Un mot de passe gracieusement fourni par le fantôme de Napoléon???

Glasgow recèle donc plus que sa part de mystères... Gageons qu'il faudra du temps pour résoudre tout ça, si solution il y a, et que d'autres énigmes se feront un plaisir de venir se poser d'ici juin... Du boulot en perspective pour Sherlock Poirot, tout gâteux et retraité qu'il soit (ça n'aide pas faut dire).... Souhaitons lui bon courage, il en aura besoin, plutôt que de perdre son temps à encore se chamailler avec le fantôme de Napoléon (qui d'après mes sources s'est, assez incompréhensiblement, relocalisé à Glasgow, peut-être pour narguer les Anglais, à ceci près que les Anglais n'habitent pas à Glasgow du tout, à moins que ce ne soit pour faire des conneries en toute impunité, vu les compétences de la section écossaise de Scotland Yard, indignement représentée par le gâteux retraité Sher(ry)lock Poi(v)rot).

Remerciements :





lundi 12 novembre 2007

Brrr

Bon, voilà, ça y est. ça aura pris un peu plus de temps à Glasgow qu'ailleurs, à en juger par les blogs de mes co-expatriés, mais, alors que le printemps se lève en Australie ou en Argentine, à Glasgow, l'hiver se pointe, discrétement mais sûrement...
Jusqu'à il y a peu, c'était encore l'automne, un automne chatoyant, qui alterner cieux bleux électriques et gros nuages gris pleins de pluies derrières lesquels se faufilaient quelques rayons de soleils tout doux (et des fois un arc en ciel). Les arbres étaient tous roussisants, les fougères aussi, et on pouvait sortir sans avoir à réfléchir des heures à la quantité de pulls nécessaire pour ne pas trembloter sous sa veste. Et c'était très beau tout ça.

Maintenant, c'est encore beau, c'est encore un peu l'automne (on n'est qu'en novembre, après tout), mais... c'est plus tout à fait pareil... Les arbres sont encore un peu roux, parsemés de feuilles dorées voire quelque fois de quelques irréductibles tâches vertes résistant, a encore et toujours à l'envahisseur et le sol est encore largement tapissé des cadavres des feuilles moins résistantes à l'envahisseur, mais dans l'ensemble nos pauvres arbres si majestueux il y a un mois, ils commencent à être bien dégarnis et à trembloter dans le vent glacial. Parce que oui, il y a beaucoup de vent, qu'il fasse beau ou pas. Et quand il fait beau il fait toujours très beau (même si le bleu du ciel a pâli), mais ouhlala qu'est-ce qu'il fait froid. Ce n'est plus "quel pull je met?" qu'on se demande avant de sortir, c'est "combien de pulls je met?".

Et puis, outre la chute de température et la calvitie végétale, outre les décorations de Noël-pas-encore-allumées-mais-plus-pour-longtemps, outre les publicités/affiches/annonces festives qui rappellent que Noël, c'est dans un mois et demi, il y a aussi le Soleil qui a commencé son hibernation. 15h30, l'horizon rosit. 16h30, le ciel est bleu sombre. 17h00, il fait nuit, et pour autant que je sache, il pourrait être minuit qui ça changerait pas grand chose. Bref le noble astre s'économise et fonctionne au régime minimum, ce qui est bien, mais pas top, et surtout pertubre beaucoup les horloges internes qui sont habitués à se caler sur sa position dans le ciel, pas sur celle de Jupiter. L'avantage, c'est que ça dissuade de sortir dans le froid et d'attraper un gros rhube parce qu'on a pas emporter assez d'écharpes. L'inconvénient, c'est qu'on préférerai un grand salon pleins de coussins et de tapis qu'une pièces aux murs bleus pour se réchauffer avec un chocolat chaud. M'enfin... on fait avec les moyens su bord.

lundi 5 novembre 2007

Guy Fawkes Burns

Depuis environ une semaine, Glasgow crépite. Des bouquets d'étincelles fleurissent ça et là dans le ciel et égayent un peu la noirceur prématurée de la nuit (qui tombe toute encrée dès 17h30), tant et si bien qu'on finit par s'habituer aux cris des pétards qui s'enflamment et à ne plus trop y prêter attention (comme on s'est habitué au cris des flambeurs de pétards alcoolisés...). Mais ce soir, le ciel crépite en continue et les tâches dorées se disputent la vedette. Apothéose en feux d'artifices... Comme partout à travers le Royaume-Uni, comme tous les ans, j'imagine.



Le 5 novembre s'enflamme : c'est la nuit de Guy Fawkes, celle des feux de joies dans lesquels on jette des épouvantails à l'effigie d'un certain Mr. Fawkes... Pauvre Guy Fawkes, qui même en ayant atteint l'âge canonique de 537 ans, continue inlassablement à être porté au bûchet pour un attentat qu'il n'a pas eu le temps de commettre. En 1605, ce qui commence à dater, ce catholique anglais et une douzaine de ses comparses pyromanes rêvait de se débarrasser du roi James Ier et de toute la clique protestante qui siégeait au Parlement de Westminster. Aux grands maux les grands remèdes, ou comme l'a si bien dit notre protagoniste, une maladie dangereuse appelle un remède désespéré : c'est bien connu, le feu purifie et cautérise, il faut donc brûler les Chambres de Parlement. 36 tonneaux de poudres à canons dans les souterrains, et un Guy Fawkes devant les enflammer le 5 novembre... Sauf que, ç'eut été trop beau, la conspiration aura été découverte avant d'être mise en oeuvre, tout ça à cause d'une lettre (prétendument) écrite par un conspirateur pris de remords à l'idée que des innocents puissent être victime de l'attentat... et Guy Fawkes se retrouvera torturé dans une cellule avant que ses compagnons ne soient arrêtés, pour finir au bout d'une corde pendue à un gibet (évitant habilement l'écartelage en ayant la saine inspiration de se briser le cou à la première étape - c'était la séquence détails gores).

Bref, du coup, les Londoniens se sont épargné un beau feu d'artifice sur les rives de la Tamise. Il faut bien qu'ils se rattrapent... alors eux, et tout leurs concitoyens britanniques se rattrapent en effet chaque 5 novembre, depuis 401 ans, en allumant des feux sur la terre et dans le ciel. Bien sûr, il ne font pas les choses à moitié, car l'échec du "seul homme à avoir jamais pénétré les Chambres du parlements avec de bonnes intention" se doit d'être commémoré dans les formes. Et puis aussi parce que les feux d'artifices, c'est beau et c'est amusant, et parce qu'on ne va pas perdre une occasion de faire la fête, du bruit, et de la descente d'alcool.



Alors Glasgow (comme toutes les villes britanniques certainement) crépite à l'aube de novembre, jusqu'à l'apogée de la soirée du cinq, qui voit des glaswegians par milliers marcher en processions jusqu'aux pelouses de Glasgow Green, d'où est lancé le feu d'artifice officiel et ordonnée de la ville. Odeur de la pelouse piétinnée par la foule qui se mèle aux relents émanant des stands à snacks, musique de foire, lumières multicolores des attractions, tourbillons des manèges... C'est un terrain de fête comme un autre, mi-foire mi-festival, où des écrans géants diffusent les monologues de deux présentateurs chargés de combler les blancs en parlant de la candidatures de Glasgow pour accueillir les jeux du Commonwealth de 2014. Et à 19h30 précises (la nuit tombe tôt, pas besoin d'attendre plus longtemps pour lancer les fusées), le feu d'artifice, qui comme tout feu d'artifice, fuse, pêtarade, siffle, envoie des étincelles vives qui fondent en larmes d'or dégoulinantes sur le drap noir du ciel, et hypnotise le tapis humain soudainement retombé en enfance.


A 20h, la dernière fusée a rendu l'âme (quoiqu'il en reste encore un paquet de dissidentes qui vont silloner les cieux toute la nuit), la foule se meut d'un bloc vers la sortie du parc, et il rest ela nuit entière pour faire cramer des Guy Fawkes en carton-pâte ou allumer des feux de joie dans les appart' du campus (ce qui n'est pas très conseillé, la faute aux détecteurs de fumées, toujours aussi sensibles les saligauds). Ceci dit je n'ai pas vu de cramaison de Guy Fawkes, moi. Snif.