mardi 29 janvier 2008

Flux RSS, Heath Ledger, Glasgow Green, Robert Burns

Huit jours depuis le dernier post : et le retour, et les exams ont enfin été surmontés ; la vie reprend un train plus paisible, même si ce matin, dehors, le ciel fait toujours autant la gueule et la ville est toujours enveloppée dans une épaisse nappe d'humidité qui la fait suinter la pluie de toute part. Mais hier, il faisait beau (beau, à l'écossaise, c'est-à-dire qu'une moitié du ciel était d'un bleu éclatant, et l'autre moitié d'un noir inquiétant). Bref, entre les deux jours de grisaille qui ont vu éclore ces deux notes de blog consécutives, il y a eu, déjà, pas mal d'autres jours de grisaille, qui continuent de se rallonger, ce dont on ne va pas se plaindre - maintenant, on peut lever les yeux vers le ciel à 17h, et se rendre compte avec émerveillement qu'il ne fait pas encore complètement nuit!

Il y a aussi eu, comme se doit, de nombreuses heures en tête à tête avec des cours et des bouquins, passées entre une chambre trop silencieuse et une bibliothèque trop bruyante, à s'efforcer de faire fonctionner les derniers neurones encore disponibles pour retenir une date ou un chiffre de plus, ou simplement pour relire une quinzième fois un cours qu'on connaît déjà par coeur, mais, des fois que, sait-on jamais, mieux vaut être prudente, et de toute façon, rien de mieux à faire, hein.

Alors il y a eu quelques translations vers la cuisine, pour échanger quelques mots avec une autre dans le même état, avant de s'en retourner avec une tasse de thé, prétendant qu'on va bosser, alors qu'en fait, on va écouter la chronique d'Olivier Duhamel (qui gagne en saveur avec le dépaysement) et valser entre les flux RSS qui se multiplient dans la barre personnelle de Firefox, et qui disent souvent tous la même chose, mais pas pareil, et assomment à coup de gros titres encore plus implacables dans leur uniformité que leurs homologues sur papiers (tous la même taille, tous alignés, tous à égalités, se noyant les uns les autres dans un déluge de catastrophes, de distinctions, de faits divers glauques, de Sarkozys et de tennismen, de caucus américains et de voitures piégées, de hausse du prix du pétrole et de crise du MP3, de nouvelles élections truquées et de nouvelles pellicules projetées sur des écrans blancs à intervalles réguliers)
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Le lundi de Pentecôte va redevenir férié
Portraits du Pakistan : (1) Rabiah, femme médecin
Giuliani's worst nightmare
Alejandro Sanz se va de la lengua
Un superpréfet devrait coordonner le "chantier prioritaire" des sans-abri
M. Sarkozy veut une réforme radicale du système de recherche français
Taxpayers are victims of "War on drugs"
La viviendas hipotecadas caen un 15% en noviembre
Patrick Rambaud : "La comtesse Bruni? C'est le diable..."
Father killed over son's football
'I felt completely out of control'
Solo hay que seguir la linea del parabrisas
Laugh? You must be joking
Le fils de Nabokov va-t-il brûler un manuscrit de l'auteur de "Lolita"?
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Au milieu de tout ça, et des tribulations du Parlement écossais, un "L'acteur Heath Ledger retrouvé mort dans son appartement de New York"/"Hallado muerto el actor Heath Ledger"/"Actor Heath Ledger found dead" a fait son chemin, emporté dans cette avalanche continuelle d'évènements, pas plus grave, pas plus significatif que les autres, presque vide de sens dans son abstraction, perdu dans ce flot incessant. Pourquoi celui-ci retomberait-il plus lourdement sur la tête que les autres? Parce qu'il arrive au mauvais moment, parce qu'il est plus facile à se représenter, quelque part plus familier, plus simple aussi (il n'y a qu'une personne dans l'affaire ; pas de pourcentage, pas d'inflation, pas de villes dont on ne sait pas prononcer le nom correctement, pas de manoeuvre politicienne, juste une pilule de somnifère en trop)? Et puis Heath Ledger est mort comme Nick Drake, presque au même âge, une semaine après que j'ai vu pour la troisième fois le Robbie Clark dylanien auquel il a prêté ses traits dans I'm Not There s'écraser lamentablement en mobylette contre un arbre... Pas plus triste qu'une autre nouvelle, mais pas moins triste non plus, bizarrement, celle-ci résonne plus...
Et aussi, c'est un bon prétexte pour poster cette très jolie photo, et les prétextes pour poster de très jolies photos, ça ne se refuse pas, surtout dans un blog qui en manque (de très jolies photos) :


Il y a eu une énième balade dans la nécropole pour s'aérer la cervelle - entreprise d'ailleurs réussie, puisque ce jour-là (aussi gris que les autres), le vent soufflait des bourrasques à s'époumonner "Iiiiiiiiiiiidiot wind, blowing through the flowers on your tomb, blowing through the curtains in your room !". (Dylan, toujours Dylan, on ne se refait décidemment pas)

Enfin, il y a eu un dernier exam, celui sur le microcosme politique écossais, passé dans une église toute rouge, pendant que la neige refroidissait le premier jour de soleil depuis longtemps. Et puis le même jour, il y a eu le soulagement d'en avoir enfin fini, deux zucchini breads allégrement engloutis par les locataires du 4D, la découverte de Provand's Lordship (la plus vieille maison de Glasgow, habitée par un bonhomme en cire à l'air fort peu bonhomme qui effraie les gens qui s'aventurent dans sa chambre), et une balade qui nous (nous = Barbara et moi) fera traverser Glasgow Green sous un ciel clément et entrourées des effluves de brasseries (ahlala, vive la bière...). Ensuite il y a eu un essaim de cumulo-nimbus menaçant qui s'amoncelaient à l'horizon, une averse de grêle cinglante sous le soleil, un arc en ciel, et finalement le ciel qui retrouvait son gris de cérémonie, d'où un retour sous la pluie glacée et le vent glaçant.

Il y a eu une expédition collective de quatre colocataires qui réalisaient après plus de trois mois qu'elles vivaient ensemble, direction Sainsbury's, objectif : trouver du Haggis et une bouteille de vin pour célébrer dignement (et avec un jour d'avance) l'anniversaire du sieur Robert (aka Rabbie) Burns, sommité nationale. Le Haggis n'a d'ailleurs pas voulu bouillir dans la casserole, il a fini au micro onde, mais il était bon quand même. Ca doit être parce qu'on n'a pas récité en entier l'Adress to the Haggis... (écrite par Robert Burns, qui pensait à tout, même à ses fêtes d'anniversaires posthumes).


Après il y a eu un week end à Manchester (qui sera relaté ici en temps voulu, c'est-à-dire très imminemment bientôt), des adieux-pas-vraiment-adieux-mais-tristes-quand-même à Martina et Puisan, qui s'en vont, mais ne s'en vont pas vraiment, en tout cas pour l'instant elles sont toujours aux alentours, mais leurs chambres ne sont plus à elles, et deux nouvelles arrivantes américaines (Ashley, North Carolina - Megan, Georgia), un cours de yoga, et finalement la reprise des cours, oh combien épuisante ! (ou pas, hum)

D'où ce post bordélique (dont il est indiqué qu'il a été publié à 11:11, ce qui n'est pas vrai, mais faites un voeu quand même).

lundi 21 janvier 2008

Retour / Exams

Il est plus que temps... autrement, le terme "retour" deviendra complètement anachronique, puisque cela fait déjà plus d'une semaine que le "retour" est consommé. Mais voilà, le retour, il ne s'est pas fait dans le seul, pur et unique but de retourner. Sinon, je serai sûrement retournée plus tard, parce qu'à Glasgow, en janvier (ou en tout cas ce janvier), il fait pas encore très jour (sunset : 4:28 PM dit le site de la météo, ce qui, je vous l'accorde, est toutefois une nette progression depuis le "3:45 PM" de la mi-décémbre), et surtout, il fait vraiment un temps pourri. Ou plutôt un temps favorable à la pourriture, à la moisissure, et à tout ces jolis phénomènes qui n'aiment rien mieux que l'humidité et l'obsucrité. Ou pour faire bref, le ciel est dépressif, tout gris et pleurnicheur, à tel point que c'en est parfois contagieux. Et les choses sentent la fin... même si de fin pour moi il n'est pas encore franchement question... Trois des occupantes de l'humble appartement 4D (le mien, si vous avez bien suivi depuis le début vous devriez le savoir) s'en vont vers d'autres cieux dans moins d'une semaines, et pour l'instant rien d'autre pour nourrir ses journée que des lambeaux de cours passés qu'il faut ressortir, dépoussiérer, déchiffrer, et empiler dans son crâne de façon plus ou moins étudier, solide et dense, en espérant que l'édifice ne s'écroulera pas avant les deux heures fatales durant lesquelles on devra le reconstruire sur une copie, dans un grand hall enfûmés par le bouillonnement des cerveaux et obscurci par les vapeurs d'encre.

Ben oui, ça s'appelle la session d'examens de janvier, quoi. Et c'est peut être pas universel mais en tout cas ça marche aussi en Ecosse. Quoique les ethnologues les plus fins remarqueront un certains nombre de différences notables.


• Ici, un exam, ça dure deux heures. Peu importe la matière, peu importe l'année, peu importe la forme. Deux heures, pas plus, pas moins. Pas de départ pendant la première demi heure ni pendant le dernier quart d'heure (pourquoi le dernier quart d'heure, mystère). La dissert' en 4h, ça n'existe pas ! De toute façon, les dissert', c'est pour les fin de semestre, et ça se fait à la bibli, en lisant moult bouquins et articles ésotériques, et en plus de 4h.

• Ici, un exam, c'est sans pièges et sans mauvaises surprises. Pas comme en France où il faut toujours (on n'est jamais trop prudent) être préparé au plus vicelard, à la question la plus inattendue ou à la tournure la plus biscornue, ou encore à la résurgence de thèmes disparus des annales depuis qu'on a décidé de conserver les sujets passés pour les mettre sur le marchés. Non, ici tout est tellement transparents que cela rend presque méfiant - inutilement, c'est juste la paranoïa injustifiée qui ressort. En maths, les exercices sont pratiquement les mêmes tous les ans, seuls les chiffres, le nom des fonctions et quelques signes à gauche à droite change, des fois une ou deux questions aussi mais rien de bien significatif. En sciences sociales, le dernier cours du semestre s'appelle "revision session" et consiste à donner aux élèves les thèmes de chacune des questions du sujets... sachant qu'il ne faut en traiter que deux, ce qui a l'inconvénient d'ôter tout son piment au jeu des impasses, qui sont officialisées et aiguillées... Non vraiment, niveau prise de risque, zéro. Angoisse minimale (quoique non nulle pour autant, ce truc doit avoir une asymptote qui traîne quelque part), puisque les surprises (bonnes ou mauvaises) sont exclues d'avances.

• Ici, il ne faut jamais répondre à toutes les questions du sujet. C'est du deux sur dix, deux sur huit, trois sur quatre, trois sur cinq, selon les matière, mais jamais tout! Corollaire, cela implique un difficile choix, qui demande presque plus de réflexion que la réponse à la questions elle-même, puisqu'en bonne étudiante française, j'arrive en ayant préparé plus de sujets que nécessaire (paranoïa injustifiée, ou alors simplement trop de temps pour réviser et envie de diversifier?), et en me préparant à une série de questions à traiter le plus vite possible, sans penser à rien d'autre. Il faut également indiquer sur la première pages les numéros des questions traitée (ce que j'oublie allégrement une fois sur deux...).

• Ici, on ne passe pas son exam tranquillement entre membre d'un même cercle/élève d'un même cours, en tout cas pas forcément. Le grand Assembly Hall est beaucoup trop spacieux pour n'être consacré qu'à un seul groupe d'élève, on le divise donc en deux, en trois, les rangées de tables recevant différents sujets (désolée, non, la place à côté du radiateur là, avec une jolie vue par la fenêtre, c'est pas pour ton sujet, va donc voir ailleurs!). Ca donne parfois des combinaisons intéressantes... par example "research in psychology" vs. "naval architecture", ou l'inévitable constat de la non-parité dans les amphis...

• Ici, on n'écrit pas sur des copies moches, mais dans un cahier agraphé (moche aussi au demeurant) qui a généralement assez de pages pour qu'on n'ait pas besoin de déranges les messieurs-dames qui surveillent sur l'estrade. Par contre, on n'a pas le droit aux belles feuilles de brouillons multicolores pour décorer. Et donc, les Ecossais ne brouillonnent pas, ou alors très peu, quelques gribouillis là où il reste de la place entre les questions sur le sujet.

A part ça, c'est pareil. C'est-à-dire que c'est pas la période la plus passionnante ni épanouissante de l'année.
Et à part ça, il m'en reste un dans trois jours. 'Serait une idée de m'y mettre. Peut-être...