jeudi 1 mai 2008

Praha (mardi)

Le mardi, et c'est pas bien étonnant, Martina a encore cours jusqu'en début d'après-midi. La journée commence donc à peu près pareil que la précédente, à ceci près que, 1) cette fois, il ne pleut pas, au contraire, il fait même superbement beau, 2) je sais quel bus prendre, et que le conducteur comprendra ma seule phrase approximative en Tchèque (d'autant plus que Martina, impressionnée, me l'a fait répéter à tout le monde la vieille histoire de prouver son talent de professeur de langue), 3) j'ai étudié la carte de la ville, et j'ai une idée un peu plus claire de ce que je veux voir et de comment m'y prendre pour aller le voir.

Profitons du soleil, qui a bien fait de se pointer vu que, ben, n'oublions pas que le pauvre parapluie violet a succombé dans une bourrasque la vieille
(qu'il soit violet, vous vous en foutez sans doute, mais moi je dis que ça n'ajoute qu'à ses qualités, alors, c'est triste.), et qu'en plus j'ai pas envie de voir que les musées. Objectifs pour m'occuper jusqu'à 14h, puisque cette fois-ci j'en ai : descendre du métro à Narodni Tridna, traverser la rivière en passant devant le Théâtre National (Narodni Divadlo, je crois avoir compris que "narodni" signifie "national), et, de l'autre côté, escalader la colline Petrin avant d'aller errer quelque part entre les ruelles pavées de la Mala Strana et les synagogues du quartier juif.

La colline Petrin, comme son nom semble l'indiquer, est une des (oh combien! ) nombreuses collines de Prague. Car Prague a beau être réputée pour la centaine de tours, clochers et autres beffrois qui l'hérissent, elle est aussi sacrément cabossée par une belle quantité de collines et autres monticules, qui font passer Glasgow-la-vallonée pour le plat pays (si, si, j'exagère à peine). Je ne me plains pas, six mois à habiter au sommet d'une colline m'ont habituée aux montées (et aux descentes), et les efforts payent, parce qu'on a une belle vue d'en haut... sur les tours, les clochers, les beffrois, les autres collines, le point d'interrogation de la rivière qui serpente entre les ponts.
Petrin, colline du jour, après celle du chateau (samedi), celle de Vyserhad (lundi), et avant celle de Letna (mercredi) [ouf, mes mains ont eu du mal à se réfréner de taper "l'Etna", ce qui géographiquement n'aurait pas été très correct, non mais, en plus d'être sacrément plus dangereux. Et sans doute plus haut. Y a pas de volcans à Prague à ma connaissance -certes relativement limitée, mais quand même.]

En bas, là où elle touche encore la ville et les rives de la Vtlava, se dresse le mémorial aux victimes du communisme, dédié à tout ceux qui ont vu leur vie délabrée ou amochée d'une façon ou d'une autre par le régime dictatorial : une procession de statues identiques, à ceci près que chacune est un peu plus en lambeaux que celle qu'elle suit, perdant un bras, une jambe, un morceau de tronc... Oui, les Tchèques n'aiment pas des masses le communisme, même s'ils ne se cachent pas de l'avoir laisser fermenter sur le territoire, et ils laissent les traces mélancoliques et soulagées, mais jamais haineuses ni amères, de ceux qui sont conscients de s'être fourvoyés mais d'avoir finalement retrouver leur chemin - et ne veulent pas oublier l'égarement pour autant.


En haut, ou plutôt, quand on monte un peu, il y a des oiseaux qui chantent, des vergers de pommiers en fleurs [là, mon clavier a tapé "en pleurs", allez comprendre...], des chemins qui louvoient le lond des flancs de la collines, et une inondation de lumière. Pas très loin (sur la colline d'à-côté, en fait), on voit la foule qui se masse aux abords du chateau et les touches de couleurs chaudes des maison de la vieilles ville - rouges pâles, jaunes dorés, ocres, roses fânés. Surtout, on entend la musique de la capitale : le chant des oiseaux printaniers, le tintement des cloches des innombrables tourelles qui se donnent le relais pour sonner les douzes coups de midi, la fanfare du chateau.

Ensuite, je profite des un-peu-moins-de-deux-heures qu'il me reste avant de retrouver Martina pour redescendre du jardin et errer plus ou moins au hasard dans la ville, dans les ruelles pavée désertes qui débouchent sur des avenues fourmillantes de touristes, de bureaux de change et d'étals de souvenirs (étrange à quel point les touristes se massent systématiquement en quelques point très précis, laissant de vastes pans de villes entièrement et mystérieusement vides). Je traverse Mala Strana, découvrant une à une les ambassades, à la recherche du "Lennon Wall" (gigantesque palimpseste mural, oui j'avais juste envie de caser le mot "palimpseste", est-ce un mal?) histoire de faire semblant d'avoir un but - d'ailleurs, il est juste en face de l'Ambassade de France, hahaha.


Ensuite, je traverse le Karlov Most, parce que, quand même, je suis une touriste, faut assumer, mais il est toujours plus beau de loin, de haut ou en photo, hélàs; de l'autre côté, je me perd encore un peu dans ma quête des milles synagogues (j'exagère, il y en a un peu moins que mille), je tombe finalement sur une statue kafkaesque de Kafka, pour finalement me ruerdans une patisserie et expérimenter au moins une des milles différentes briohces qui s'entassent dans la boutique (hmmmm), et puis, il est temps de retrouver le métro (qui a filé loin de mon chemin, le bougre), et Martina.

Cette fois, elle m'emmène dans un jardin au pied du château. Désert, parce que selon la mystérieuse loi de répartition des touristes (qui va décidemment à l'encontre de tout les principes d'entropie), les curieux se massent dans le château, pas autour, en dessous, derrière ou devant! Désert, mais (ou plutôt, donc) extrêmement calme et agréable... Puis elle m'emmène vers le centre de la ville, retrouver une amie à elle qui, après un semestre d'Erasmus à Lyon, parle Français (même si, en fait, les quelques mots qu'on échangera en français sonneront affreusement faux, les miens peut-être encore plus que les siens, allez comprendre...), et aussi, goûter la bière brune Tchèque (plus douce et sucrés que la blonde, mais pas moins bonne), la bière mélangée Tchèque (demi-brune, demi-blonde, donc rousse?), les pickles de camembert Tchèques.... et enfin, escalader une autre colline, au sommet de laquelle trône la statue soviétique et massive d'un monsieur dont j'ai oublié le nom et les exploits mais qui fut chevalier défenseur de sa patrie, ou quelque chose d'approchant.
Lui, là :


2 commentaires:

Ellinoä a dit…

Narodni... moi, à un "ki" près, ca me fait penser à un légendaire exposé d'Histoire... (ou peut être pas si légendaire que ca, en fait...)

Anonyme a dit…

People should read this.