Débarquer dans une université étrangère à l'étranger, faudrait pas croire que c'est original. C'a l'a peut-être été, mais ça ne l'est plus, ou en tout cas, pas ici : les non-écossais de Strathclyde se comptent par centaines, de provenances on ne peut plus diverses... Des Français en masse, certes, mais pas que ça, puisque l'Europe est abondamment représentée, de la pointe ouest de l'Espagne à la Finlande en passant par la République Tchèque (j'en conviens, ça fait un ptit détour) ; et puis, des Asiatiques, des Américains, des Australiens dans tous les coins. Toute cette faune multi-horizonale est accueillie dans les règles, qui par le
Glasgow International Students Welcome Program, qui par Mr. Jim Wilson,
Senior International Adviser pour Strathclyde, qui par les deux à la fois. Le but, c'est que les nouveaux arrivants totalement paumés soient un peu moins paumés, et parviennent à lier connaissance avec d'autres gens avant d'être lâchés dans la jungle de l'université (hum, enfin, jungle...).
De son côté, Jim Wilson choisit un pub de Glasgow chaque mercredi soir, et propose à tous les étudiants étrangers de s'y retrouver. Entre deux pintes de Tennents ou autres breuvages brassés localement, les accents se croisent gaiement dans le brouhaha ambiant (on ne peut pas imaginer le bruit impressionnant que peuvent produire 200 personnes en train de discuter tant qu'on ne l'a pas entendu). Et comme personne (ou presque) ne se connaît, libre à chacun d'aller voir qui il veut et de décliner son "Hi!", son nom, son orgine et son domaine d'étude.
Prérequis indispensable, avoir appris à prononcer tout ça correctement en Anglais... ce qui est facile quand on s'appelle John, Tom ou Sarah, mais pas tant que ça quand on doit transformer l'habituel "Béatrice" en "Beeatwrice". Au pire, on le répète...
Après, forcément, tout ça ne donne pas des conversations d'une grande originalité, certaines auraient même tendance à frôler la redondance. Schéma général, ou l'art de la conversation estudiantine sans frontière en kit :
"Hi! What's your name?"
"Hi! [un prénom, donc] What's yours?"
" [un autre prénom, ou le même, si ça vous amuse, mais sachez que cela comporte un risque de détournement du cours de la conversation.] Where are you from?"
"[un pays, ou une ville, ou les deux]. And you?"
"[un autre pays, ou une autre ville, ou les mêmes]"
"And... what are studying?"
[réponse, renvoie de la question. C'est rarement la même chose.]
Ensuite, au choix (bon, ça se passe toujours en anglais, alors il faudra faire un effrot d'imagination/traduction) :
- Oh, je connais quelqu'un qui vient de ----. Et je connais quelqu'un qui étudie ----.
- Je suis allé dans ton pays, une fois, j'ai bien aimé.
- Où est-ce que tu habites?
Si on arrive à dépasser ce stade, en général, la conversation commence à se diversifier un peu, même s'il reste encore quelques passages obligés, du genre "qu'est-ce que la vie est chère ici!" ou "t'as choisi quoi comme bière?"
Après, en plus de Jim Wilson, il y a le bureau d'accueil, qui s'occupent des étudiants de toutes les universités de Glasgow, et siège au Quai 11 de la Central Station tout le mois de Septembre. Les comités y sont plus réduits, parce que les évènements qui y sont organisés sont souvent payants, et parce que la Central Station, c'est un peu plus loin du campus. Là, on peut se faire offrir un chocolat chaud avant de partir découvrir la "gruesome history" de Glasgow, guidés par un barbu au sourire de Hobbit et à la robe de moine en pénitence qui connaît apparemment toutes les histoires d'éxécution, de profanations de tombes et d'assassinats de Glasgow. On peut aussi, sur un coup de tête, décider de payer 50£ pour un week-end sur Wemyss Bay et l'Isle of Bute avec une trentaine d'autres new-glaswegian (dont un tiers de français, ahem).

Wemyss Bay, c'est ce qu'on trouve quand on part de Glasgow et qu'on se dirige vers l'ouest jusqu'à tomber sur la mer, c'est-à-dire assez vite. L'Isle of Bute, c'est juste en face, un petit morceau de terre séparé du reste du pays par un petit bras de mer. Dessus, il y a entre 7000 et 8000 habitants, une tearoom "spécialisée dans la cuisine américaine" et qui fait des gâteau tellement monstrueux et couverts de crèmes et glaçage qu'il suffit de les regarder pour ne plus avoir faim, et un immense palace néo-gothique planté dans un grand parc. Malheureusement, ce samedi, le ciel était d'un gris de plomb et l'air glacé : pas de soleil qui se reflète dans la mer, juste un vent furieux qui vient gifler les passagers sur le ferry et donne envie de retrouver bien vite les canapés de la YMCA (eh oui) louée pour héberger toute la troupe... L'ambiance est un peu étrange, comme dans un groupe de gens qui se connaissent à peine et se retrouvent à passer 48h ensemble, alors qu'une fraction des Français se rassemble en meute pour commenter heut et fort -mais pas en anglais- tout ce qui passe sous leur nez, et que les autres échanges les anecdotes sur leur pays ou leurs voyage. Pourtant, c'est beau, les maisons qui longent la côté, les érables nains du jardin ou les plafonds ornés du palace... Mais cet abruti de soleil n'ouvrira pas l'oeil avant qu'on soit sur le chemin du retour.
, hydromel écossais (ou pendant roux du Chouchen ;-) ), et les bons gros gateaux.