Huit jours depuis le dernier post : et le retour, et les exams ont enfin été surmontés ; la vie reprend un train plus paisible, même si ce matin, dehors, le ciel fait toujours autant la gueule et la ville est toujours enveloppée dans une épaisse nappe d'humidité qui la fait suinter la pluie de toute part. Mais hier, il faisait beau (beau, à l'écossaise, c'est-à-dire qu'une moitié du ciel était d'un bleu éclatant, et l'autre moitié d'un noir inquiétant). Bref, entre les deux jours de grisaille qui ont vu éclore ces deux notes de blog consécutives, il y a eu, déjà, pas mal d'autres jours de grisaille, qui continuent de se rallonger, ce dont on ne va pas se plaindre - maintenant, on peut lever les yeux vers le ciel à 17h, et se rendre compte avec émerveillement qu'il ne fait pas encore complètement nuit!
Il y a aussi eu, comme se doit, de nombreuses heures en tête à tête avec des cours et des bouquins, passées entre une chambre trop silencieuse et une bibliothèque trop bruyante, à s'efforcer de faire fonctionner les derniers neurones encore disponibles pour retenir une date ou un chiffre de plus, ou simplement pour relire une quinzième fois un cours qu'on connaît déjà par coeur, mais, des fois que, sait-on jamais, mieux vaut être prudente, et de toute façon, rien de mieux à faire, hein.
Alors il y a eu quelques translations vers la cuisine, pour échanger quelques mots avec une autre dans le même état, avant de s'en retourner avec une tasse de thé, prétendant qu'on va bosser, alors qu'en fait, on va écouter la chronique d'Olivier Duhamel (qui gagne en saveur avec le dépaysement) et valser entre les flux RSS qui se multiplient dans la barre personnelle de Firefox, et qui disent souvent tous la même chose, mais pas pareil, et assomment à coup de gros titres encore plus implacables dans leur uniformité que leurs homologues sur papiers (tous la même taille, tous alignés, tous à égalités, se noyant les uns les autres dans un déluge de catastrophes, de distinctions, de faits divers glauques, de Sarkozys et de tennismen, de caucus américains et de voitures piégées, de hausse du prix du pétrole et de crise du MP3, de nouvelles élections truquées et de nouvelles pellicules projetées sur des écrans blancs à intervalles réguliers)
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Au milieu de tout ça, et des tribulations du Parlement écossais, un "L'acteur Heath Ledger retrouvé mort dans son appartement de New York"/"Hallado muerto el actor Heath Ledger"/"Actor Heath Ledger found dead" a fait son chemin, emporté dans cette avalanche continuelle d'évènements, pas plus grave, pas plus significatif que les autres, presque vide de sens dans son abstraction, perdu dans ce flot incessant. Pourquoi celui-ci retomberait-il plus lourdement sur la tête que les autres? Parce qu'il arrive au mauvais moment, parce qu'il est plus facile à se représenter, quelque part plus familier, plus simple aussi (il n'y a qu'une personne dans l'affaire ; pas de pourcentage, pas d'inflation, pas de villes dont on ne sait pas prononcer le nom correctement, pas de manoeuvre politicienne, juste une pilule de somnifère en trop)? Et puis Heath Ledger est mort comme Nick Drake, presque au même âge, une semaine après que j'ai vu pour la troisième fois le Robbie Clark dylanien auquel il a prêté ses traits dans I'm Not There s'écraser lamentablement en mobylette contre un arbre... Pas plus triste qu'une autre nouvelle, mais pas moins triste non plus, bizarrement, celle-ci résonne plus...
Et aussi, c'est un bon prétexte pour poster cette très jolie photo, et les prétextes pour poster de très jolies photos, ça ne se refuse pas, surtout dans un blog qui en manque (de très jolies photos) :

Il y a eu une énième balade dans la nécropole pour s'aérer la cervelle - entreprise d'ailleurs réussie, puisque ce jour-là (aussi gris que les autres), le vent soufflait des bourrasques à s'époumonner "Iiiiiiiiiiiidiot wind, blowing through the flowers on your tomb, blowing through the curtains in your room !". (Dylan, toujours Dylan, on ne se refait décidemment pas)
Enfin, il y a eu un dernier exam, celui sur le microcosme politique écossais, passé dans une église toute rouge, pendant que la neige refroidissait le premier jour de soleil depuis longtemps. Et puis le même jour, il y a eu le soulagement d'en avoir enfin fini, deux zucchini breads allégrement engloutis par les locataires du 4D, la découverte de Provand's Lordship (la plus vieille maison de Glasgow, habitée par un bonhomme en cire à l'air fort peu bonhomme qui effraie les gens qui s'aventurent dans sa chambre), et une balade qui nous (nous = Barbara et moi) fera traverser Glasgow Green sous un ciel clément et entrourées des effluves de brasseries (ahlala, vive la bière...). Ensuite il y a eu un essaim de cumulo-nimbus menaçant qui s'amoncelaient à l'horizon, une averse de grêle cinglante sous le soleil, un arc en ciel, et finalement le ciel qui retrouvait son gris de cérémonie, d'où un retour sous la pluie glacée et le vent glaçant.
Il y a eu une expédition collective de quatre colocataires qui réalisaient après plus de trois mois qu'elles vivaient ensemble, direction Sainsbury's, objectif : trouver du Haggis et une bouteille de vin pour célébrer dignement (et avec un jour d'avance) l'anniversaire du sieur Robert (aka Rabbie) Burns, sommité nationale. Le Haggis n'a d'ailleurs pas voulu bouillir dans la casserole, il a fini au micro onde, mais il était bon quand même. Ca doit être parce qu'on n'a pas récité en entier l'Adress to the Haggis... (écrite par Robert Burns, qui pensait à tout, même à ses fêtes d'anniversaires posthumes).

Après il y a eu un week end à Manchester (qui sera relaté ici en temps voulu, c'est-à-dire très imminemment bientôt), des adieux-pas-vraiment-adieux-mais-tristes-quand-même à Martina et Puisan, qui s'en vont, mais ne s'en vont pas vraiment, en tout cas pour l'instant elles sont toujours aux alentours, mais leurs chambres ne sont plus à elles, et deux nouvelles arrivantes américaines (Ashley, North Carolina - Megan, Georgia), un cours de yoga, et finalement la reprise des cours, oh combien épuisante ! (ou pas, hum)
D'où ce post bordélique (dont il est indiqué qu'il a été publié à 11:11, ce qui n'est pas vrai, mais faites un voeu quand même).